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ARCHITECTS - Holy Hell (2018)
Par KOL le 19 Avril 2023          Consultée 1616 fois

L’annonce. Le choc. Le combat. La défaite. Le décès. Le chagrin. La peine. Le manque de l’autre. La confrontation avec la triste réalité qu’il n’y aura plus d’après, ensemble. L’enchaînement de ces sentiments est bien connu par ceux qui ont perdu un être cher dans leur vie. Me concernant, ce fut mon père, disparu bien trop tôt, après avoir lutté contre un sale crabe récalcitrant pendant quelques années. J’ai trouvé refuge dans la dédramatisation par l’humour. Rire pour ne pas pleurer. Blaguer au sujet du drame pour détourner l’attention. Cacher ma peine derrière des boutades trash pour repousser l’introspection et la solitude. Et le temps n’y fait rien. Il n’adoucit ni ne panse les plaies.

Suite à la mort en 2016 de Tom Searle, fondateur, compositeur, auteur et principale force créatrice du groupe, son jumeau Dan se retrouve seul aux commandes du combo de Brighton, qui sort d’un "All Our Gods Have Abandoned Us" encensé à juste titre, et déjà pas franchement porté sur la gaudriole. Il choisit pour sa part d’affronter la chose frontalement, porté par les membres du groupe, et nous délivre seulement deux ans plus tard un "Holy Hell" magistral, bourré de tristesse et de colère, porté par le chant habité de Sam Carter. Noir, c’est noir.

On pourra effectuer un parallèle assez juste dans l’intention avec "Back In Black" d’AC/DC, mais les Australiens délivraient à la base une musique moins sombre. ARCHITECTS, lui, s’enfonce dans les tréfonds du désespoir, celui qui porte les traits de l’absurde injustice de perdre un frangin de 28 ans, et nous partage une œuvre d’une rare épaisseur. Car ce disque, dense, est hanté. Du simple mot à la moindre note. Ce huitième LP des Anglais possède une rage funeste qui transpire à chaque instant, lui conférant une charge émotionnelle comme peu d’albums ont pu/su le faire. Il n'y a ici aucun calcul, juste un bouillonnement de sentiments forts et authentiques, intégralement restitués à la travers une identité musicale à présent pleinement établie. Dans ta gueule. Dans ton cœur. Dans ton bide.

Il suffit de jeter un œil à la tracklist pour comprendre que le ton est donné dès la première piste, "Death Is Not Defeat". Et prêter attention à la voix du frontman, chaque cri venant des tripes et frappant directement à l’estomac. Même si le chant clair apparaît plus régulièrement sur cet opus que jamais auparavant, la très grande majorité des paroles est hurlée comme autant d’invectives lancées à la face du destin. Doomed ne signifie-t-il pas condamné dans la langue de Shakespeare ? La personnalité du Metalcore éthéré d’ARCHITECTS n’a jamais été aussi adaptée à la situation, la violence et l’urgence du moment étant, à de courtes occasions, contrebalancées par d’éphémères accalmies aériennes.

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec l’univers des Britanniques, ceux-ci proposent des riffs très saccadés et lourds, alternés avec des passages plus posés, les guitares prenant une place importante tant par les atmosphères que les motifs plus hypnotiques se complétant à la perfection. Sur "Holy Hell", les claviers viennent renforcer les ambiances de manière plus appuyée que par le passé, comme pour souligner ce pan de leur son. L’équilibre ici atteint en la matière relève d’une forme pure et simple d’absolu.

Je pourrais citer l’intégralité des pistes de l’opus tant celui-ci ne comporte aucun déchet, ni même temps faible. Mais s’il me faut ressortir du lot un passage, j’avoue trouver dans le quatuor d’ouverture une telle profondeur qu’il m’est difficile de ne pas m’attarder dessus, le climax étant atteint avec le title-track et son chorus final à chialer de beauté. Lancer les débats à un tel niveau est à double-tranchant, mais force est de constater qu’ARCHITECTS maintient l’intensité sur la durée, "Doomsday" en remettant une couche sur la conclusion, dans un registre que d’aucuns qualifieraient de "tube", si l’on peut ainsi s’exprimer. Partir fort, accélérer au milieu, et finir à fond, voilà l’exploit réalisé sur "Holy Hell".

Tout est énorme sur cet album, qui sait toucher l’âme, sans pour autant sombrer dans le pathos. De l’artwork, sobre et dérangeant, à la production de mammouth, chaque instrument y trouvant la place qui lui revient. Les multiples arrangements sont amenés à propos, et vous continuerez à en découvrir la richesse, écoute après écoute. Je recommande vivement l’immersion au casque pour saisir toutes les subtilités contenues dans ces 42 minutes de funérailles. Comme si ARCHITECTS avait souhaité mourir avec Tom, pour mieux renaître sans lui. Trouver sa voie pour continuer son chemin malgré tout : "There is value in pain. It’s where we learn, it’s where we grow." philosophait Dan Searle au moment de la sortie de "Holy Hell".

L’annonce. Le choc. Le combat. La défaite. Le décès. Le chagrin. La peine. Le manque de l’autre. La confrontation avec la triste réalité qu’il n’y aura plus d’après, ensemble.

La colère.

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   KOL

 
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- Sam Carter (chant)
- Josh Middleton (guitare, chœurs)
- Adam Christianson (guitare)
- Alex 'ali' Dean (basse, claviers)
- Dan Searle (batterie, programmation)


1. Death Is Not Defeat
2. Hereafter
3. Mortal After All
4. Holy Hell
5. Damnation
6. Royal Beggars
7. Modern Misery
8. Dying To Heal
9. The Seventh Circle
10. Doomsday
11. A Wasted Hymn



             



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