La folie, le chaos (évidemment), la violence et l'agression, la bestialité, la perversion, la méchanceté, la malveillance, la cruauté, la crasse, la déviance et la corruption – autrement appelée subversion, pourriture ou pestilence, déclinaisons imagées mais précises – sont les bases même des œuvres de Black Metal les meilleures. Du moins, ce sont les fondements creusés par MAYHEM puis DARKTHRONE et ceux qui me tiennent le plus à cœur. Et des tranchées auxquelles j'accorde le plus de crédit, et celles auxquelles j'adhère. Le Black Metal a d'autres formes d'expression, que je respecte avec ou plus moins de considération : mais les formes intégrant ce qu'il y a de pire en l'être humain ont ma bénédiction. Car l'Humanité ne mérite rien de mieux, au regard de ma haine conséquente à mon dépit et mon dégoût de celle-ci... A l'aube où notre univers occidental s'écroule – par extension, à l'heure où le monde tel qu'il est s'effondre – le manque de pétrole annonçant clairement notre fin tragique (observez autour de vous : qu'est-ce qui n'est pas fait avec du pétrole ? Où et comment s'en sert-on ? Arrivera-t-on à le remplacer, ou s'en passer ? Lisez la théorie d'Olduvaï), un disque comme Ordo Ad Chao, au titre éminemment bien choisi - bouclant ainsi la boucle « Mayhem » (Chaos en anglish) - arrive à point nommé. Le Chaos sonore en personne met en pratique musicalement, orchestre donc la Fin du Monde – ce que cherche en vain tout groupe d'extrême en soi. Et ce Chaos sonore, actif depuis vingt ans, y parvient fort bien. Menaçant, désespérant, violent et agressif, revenant à un son bien roots (Chimera et son prédécesseur n'étaient pas néanmoins moins bons mais différents), corrosif à souhait et chaotique (évidemment : il rappellera avec surprise FANTOMAS), Ordo Ad Chao s'impose comme une nouvelle pièce maîtresse du meurtrier norvégien, à mi-chemin entre l'extrême expérimental, l'Art Noir et le Black Metôl nécrotique. Indispensable et fascinant.