"Monte le son j’entends rien que de la boue bizarre !"

Le dernier effort de Blasphemer, le premier avec le retour d’Attila, est un exercice de style à prendre tel quel, on l’aime ou le quitte, quarante et une minutes à labourer les ténèbres les plus bas, à barbouiller dans la déconstruction la plus repoussante.
De la terre du fond de l’Enfer qui gratte les yeux, le souffle de souffre suffocant, guitares étouffées et étouffantes, batterie au son tellement naturel que ça en est choquant, les vociférations de malade du Hongrois grimé comme un quatrième instrument totalement en phase, MAYHEM soigne le mal par le Mal et démontre que c’est bel et bien lui le monstre.

Certes on lui reprochera toujours son manque d’accroche (à l’exception de "Anti") et sa prod’ trop suffocante. Il est donc loin d’être l’œuvre ultime, la "si l’on ne devait en garder qu’une", pourtant, replacée dans une discographie plutôt restreinte (seulement six disques à ce jour) mais fortement variée, "Ordo Ad Chao" se distingue par sa personnalité gigantesque, son opacité, son ambiance, la cohérence d’un lugubre voyage sans entrée ni sortie facile, la profondeur de son concept rampant, la prouesse créative de ces musiciens et la puissance évocatrice du Mal pur.

Blasphemer confiera à Dayal Paterson dans son livre référence "Black Metal: Evolution Of The Cult" la chose suivante: "I set it as my goal to make the most negative piece of shit ever". Pari tenu, c’est réussi et, ayant tout dit avec ce dernier disque, il put enfin quitter le groupe et aller gratter vers des cieux plus lumineux (le Portugal).

Purée de poix tu es né purée de poix et tu redeviendras purée de poix.