"Eschaton" est le premier bon album d’ANAAL NATHRAKH. Voilà, ça c’est posé direct, les aficionados des précédents albums peuvent venir me découper avec une scie rouillée, j’assume. "The Codex Necro" était certes impressionnant, mais sa démonstration de bourrinage pour le bourrinage finissait par être lassante tandis que "Domine Non Es Dignus" était beaucoup trop monolithique au point d’en devenir chiant (je mets un peu de côté "When Fire Rain Down From The Sky", "Mankind Will Reap As It Has Sown", un EP plus expérimental et pas inintéressant). Néanmoins, ce dernier avait un morceau a sauver, c’était "Do Not Speak", un putain de tube qui venait nous surprendre avec ce qu’on n’imaginait pas ANAAL NATHRAKH sortir à l’époque : de la mélodie et du chant clair.

Je pense que les deux larrons d’ANAAL NATHRAKH ont compris qu’ils tenaient quelque chose avec ce titre, parce que "Eschaton" peut se résumer à « On aime bien "Do Not Speak" alors on a fait un album entier inspiré par ce morceau ». Vous voulez du bourrinage crade et sans concession ? Bam, "Bellum Omnium Contra Omnes" vous accueille avec fureur dans l’album, et globalement tout ce qui ne touche pas au mélodique est extraordinairement violent. Le chant de V.I.T.R.I.O.L. est toujours impressionnant, tant dans ses hurlements inhumains, ses growls gutturaux et son chant clair étonnamment lumineux. Et pourtant on pourrait croire que l’apport de chant clair et de riffs plus mélodiques pourrait adoucir et donc desservir le propos du disque, mais non. On est face à quelque chose qui ajoute du grandiose à la musique. Des instants comme le refrain de "Between Shit And Piss We Are Born" avec son solo final, ou bien "When The Lion Devours Both Dragon And Child" purement épique, ça vous motive à aller réduire des villes en cendres.

En plus de ça, le groupe a enfin réussi a composer des titres vraiment accrocheurs qui ne se reposent pas non plus sur du chant clair, "Waiting For The Barbarians" par exemple est ravageur avec son tempo plus lent et sa lourdeur brise-nuque, ajoutons aussi "Regression To The Mean" qui préfigure de toutes les expérimentations Indus du groupe, et allez, je ressors aussi "When The Lion Devours Both Dragon And Child" qui se tape le meilleur riff de l’album avec son couplet ultra jouissif. Et puis aussi cette basse, sérieux, elle ressort bien dans le mix, et c’est con qu’on ne l’entende pas plus que ça par la suite, parce que franchement, elle apporte vraiment un groove assez phénoménal par instants en plus de faire ressortir l’aspect brûlant et apocalyptique de la musique.

Franchement, pour un premier album réussi, c’est un pas de géant en avant pour le groupe tant il impressionne. Après tout n’est pas parfait, j’ai toujours trouvé que la doublette "Timewave Zero" et "The Destroying Angel" n’apportaient pas grand-chose de plus si ce n’est de la violence. Mais vraiment, c’est du tout bon et un parfait moyen pour se martyriser les tympans avec un album radical n’ayant rien perdu de sa violence.