Cet album, je l’ai acheté à sa sortie. Mais avant d’achever assez d’écoutes complètes pour en dresser un portrait objectif, il s’est écoulé plus d’un an. En général, les disques qui s’évertuent à se dérober à mon attention, je finis par les mettre de côté pour les oublier dans un coin de cerveau et d’étagère. Avec SIRENIA, au motif probablement que je porte une attention redoublée aux moindres faits et gestes de Morten Veland depuis l’excellent « Widow’s Weeds » (TRISTANIA, ses premières amours), un long sursis lui a été accordé.

C’est vrai tout de même que le catchy « My Mind's Eye », manifestation presque outrancière de ce que le gothique peut se faire pop, m’avait bien scotché. Tout y est facile, dans ce titre, des mélodies aux arrangements léchés. Pour autant, la formule fonctionne très bien. J’y vois même une étincelle de génie à nous faire écouter des mélodies hertziennes en nous faisant croire qu’il s’agit d’extrême.

Et le reste, alors ? Tout n’est pas du même niveau. A bien y regarder tout de même, rien ne demeure sous la moyenne. « Sundown » et son alternance réussie entre des passages vaporeux et un refrain rentre-dedans ou « The Other Side » se situent par exemple à un très bon niveau.
Un seul reproche à opposer, tout de même, quoique je ne sache encore la manière dont il pourra s’effacer ou se renforcer : il est très délicat de déterminer dans quelle mesure « Nine Destinies And A Downfall » résistera au temps. Ce genre de mélodies immédiates a souvent tendance à lasser au bout d’un moment. Morten Veland et son SIRENIA fournissent effectivement leur album le plus accrocheur et le mieux produit (cette conclusion je la tire avant l’écoute de son successeur). Surtout, SIRENIA arrache de son col l’étiquette extrême qui montrait déjà, du reste, de gros signes d’étiolement.

En tout cas, après plusieurs semaines d’écoute inlassables, le moment passé en la compagnie du troisième rejeton de SIRENIA fut des plus agréables. Et le changement de chanteuse ne me gêne absolument pas.