BATHORY continue et un an après l'album éponyme, frappe en 1985 un grand coup avec un nouveau disque plus sombre, plus cru et plus sale que le précédent - enfin, dans les limites du raisonnable de l'époque. Logiquement, Quorthon et ses compères produisent donc leur retour sur la scène du lourd metal de la mort avec une release intitulée kitschement "The Return... (Of the Darkness and Evil)".

La technicité, la rapidité et la brutalité des groupes allemands et étasuniens prennent le pas sur le Heavy Metal de leurs aînés, tandis que BATHORY va à l'envers, comme s'il restait prisonnier d'un univers musical autistique, écoutant et réécoutant peut-être ces groupes de Punk et Hard Rock qu'il appréciait tant... Simplicité, noirceur et dureté seront ses maîtres mots à lui. BATHORY s'affirme donc ici, et "met la purée" avec "The Return..." La batterie n'a pas changé, basique et imperturbable et c'est tant mieux. Elle participe à la langueur hypnotique de l'opus. Mais les guitares sont elles déjà plus grasses, et la voix de Quorthon est plus rêche et réverbérée (une technique qui sera souvent utilisée par les jeunes qui suivront). Ici, BATHORY nous plonge dans les enfers bitumeux des ténèbres suédois. Nous engluer, nous empêtrer, telle une mouche dans la toile de l'araignée. BATHORY veut nous assommer de sa lourdeur, de sa noirceur – car "The Return..." l'est assurément. Il en devient même étouffant, à l'instar de l'opprimante intro, "Revelation of Doom", où un martèlement barbare lointain menaçant (l'effet générationnel de Conan le Barbare et le Destructeur, sortis en 1982 et 84 ?), avec la voix hurlante et gémissante de Quorthon dans le fond accompagnée de notes stridences à la guitare. Excellente intro, un domaine que le Suédois maîtrisait bien par ailleurs. "The Return..." marque également un effort du groupe : il dépasse de sept minutes environ la demi-heure, soit plus de dix que le premier full-length.

Personnellement, je ne crois pas que Quorthon avait en tête qu'il allait, avec sa musique, révolutionner le genre : il se l'appropriait, ce qui est déjà quelque chose, il en faisait sa chose personnelle. Je crois que BATHORY, avec ses trois premiers albums et surtout celui suivant "The Return..." peuvent néanmoins se targuer d'une chose : d'avoir été des sources d'inspiration pour les suivants et parmi les jeunes Norvégiens du début des années 90, je pense notamment à IMMORTAL et BURZUM, qui se rapprochent du style de BATHORY sur leurs premiers albums. Quelque chose se revendiquant du bestial et du Malin certainement, est apparemment ce que désirait également le combo. Mettre mal à l'aise, comme avec ces cris et ces soli de guitare plus Hard qu'Heavy d'ailleurs, sur "The Wind of Mayhem".

Il faut relever que la production brumeuse de l'album ne sert pas vraiment celui-ci : elle étouffe la puissance des titres, qui ont bien du mal à se détacher les uns des autres et forment une masse compacte bien grasse à digérer. En même temps, "c'est Black Metal" ! Les auditeurs devront donc être attentifs et accrochés ! Voilà un bon disque de BATHORY, à la BATHORY. Pas vraiment un disque de Black Metal, mais presque. Le meilleur est à venir, c'est le suivant : "Under the Sign of the Black Mark".