Ce sera toujours la même chose avec ce sous-genre metallique ô combien extrême – le "War Metal" - dont j'ai déjà parlé, notamment au travers de ma chronique du dernier né en date de BLACK WITCHERY, Upheaval of Satanic Might. Car REVENGE, entité satanique et canadienne fait partie de cette nébuleuse War Metal et je ne doute pas que les commentaires fuseront à la publication de cette critique. Néanmoins je persiste et signe, car REVENGE est produit par un grand et ancien label et que son nom fait aujourd'hui référence. Je rappelle aujourd'hui que cette sphère du "War Metal" a également vu le jour en Australie à la même époque que ses coreligionnaires d'Amérique du Nord, puis qu'il a proliféré sur le continent sud-américain ou encore à Singapour. Au vu des réactions quasi toujours négatives que ce sous-genre suscite et des poignées de clous, de goudron et de plumes qu'on déverse sur les maniaques du genre (et sur les groupes aussi, forcément), le War Metal (mixture Black/Death/Thrash très bestiale, très crue, basique et très saturée) reste intègre, fidèle à ses idées. Et malgré tous ces reproches loins d'être neutres, c'est le label français Osmose Productions - un label qui fit également naître des formations comme IMMORTAL, MARDUK et ENSLAVED - qui a fait de cette scène un sous-genre aujourd'hui écouté attentivement par une poignée de mordus du style. Accessoirement (...) Osmose Productions a ainsi soutenu l'existence et la diffusion de musiciens en marge de la marge, une « marge » qui lui crache sans cesse dessus. Mais bon, le soutien, hein...

REVENGE comme ses comparses vont droit au but : vous agresser violemment est leur objectif premier. N'ayant pas la possibilité de tous nous passer le couteau au travers de la gorge ou de nous mitrailler en peloton et à la chaîne, ces bons hommes nous violentent musicalement. Mais enfin, que dis-je ? Beaucoup de voix s'élèveront et se sont élevées pour dire que ceci n'est pas de la musique. J'ai eu un prof en philosophie esthétique (excellent au passage) qui a un jour conclu son cours sur la musique comme oeuvre d'art en disant à l'assistance, à propos de Pierre Henri ou de Johnny Cage, je ne sais plus, que la musique était « tout ce qui s'entend ou s'écoute ». Il y a donc une raison d'exister pour toute musique qui soit et que la musique n'a pas de limite. Pierre Henri a fait des pièces où s'entendent le grincement d'une porte et la respiration d'un soufflet : c'est aussi extrême que REVENGE. Car je fais mienne de cette définition - après tout, qui ne trouve pas beau simplement les bruits d'un orage ou le vent siflant sur les murs ? J'ajoute que l'idée de cet enseignant est applicable à l'art en son entier. Je donnerais toujours de mon temps pour prêter attention à toute sorte de musique ou forme d'art, même si j'ai des idées précises en la matière. Bref. Vous excuserez le mangeur de beefteack que je suis (les carnivores auraient plus de neurones que les herbivores) de défendre sa nourriture.

REVENGE ne veut que la guerre et le War Metal, concentrant en deux termes toute cette raison haineuse, n'est pour nos Canadiens que l'ultime forme musicale leur permettant cette expression puisée dans leurs boyaux léprosés. La guerre est une boucherie, non ? Ils sont donc bouchers : voix Black, Death ou Grind (franchement bandante), batterie-DCA, compositions efficaces (pour être efficace, pas besoin de s'emmerder à faire compliquer, ni de s'embarrasser de mélodies ou d'une recherche esthétique visant à la beauté) et guitares ultra-agressives. Voilà. Une production de garage, évidemment. Un Blasphème en soit... Pour toute personne trop tatillonne, REVENGE va lui faire mal avec son Infiltration.Downfall.Death... Enfin, REVENGE étant un équarrissage en règle ne cherche absolument pas à vous séduire, et cherche au contraire à vous violer, vous subvertir, vous salir, vous corrompre et vous rendre malade. Il veut votre mort. Fuck Off And Die. Cut Your Flesh And Worship Satan. A ce titre, les termes employés par REVENGE pour ses oeuvres sont éloquents quant au mode de pensée de nos soldats : Attack.Blood.Revenge. (2001) Superion.Command.Destroy. (2002) Triumph.Genocide.Antichrist. (2003) Victory.Intolerance.Mastery. (2004) Infiltration.Downfall.Death. (2008)...

Bien entendu je tends la perche aux détracteurs histoire de susciter avec espoir quelque interrogation d'ordre musical, esthétique, artistique ou métallique – les coups étant toujours gratuits et inutiles. Infiltration.Downfall.Death. est donc un opus, dans tous les sens possibles, extrême. Après tout, n'écoute-t-on pas de la musique extrême ? REVENGE et compagnie ne font simplement pas les choses à moitié et le font à leur manière (écoutez : http://www.myspace.com/revengeattackbloodrevenge). Difficile d'accès forcément, Infiltration.Downfall.Death. ne s'adresse pas à tous les esprits ni à toutes les oreilles et surtout pas aux esthètes – qui ont eux aussi une (bonne) raison d'écouter du metal à mélodie, technique et à production monstrueuse (comme j'en écoute aussi). REVENGE existe et a droit lui aussi au respect. Et Infiltration.Downfall.Death. est une nouvelle preuve que les Canadiens – dont les dernières prestations en France en 2008 ont littéralement assommé de violence (en bien donc) les maniaques ayant assisté à leurs shows, de l'avis général – sont devenus en moins de huit ans des piliers de cette scène si controversée. Cet ouvrage ne sera saisi que si son état d'esprit est le vôtre.