Il n'était pas si évident, à l'époque où j'ai découvert cette perle, à jamais hissée dans mon top 3 Black Symphonique, d'avoir ne serait-ce que connaissance du combo allemand. Si les formations Heavy et Power Metal s'étaient largement distinguées et imposées parmi mes favorites, on savait que pour chercher du Black de qualité, c'était plutôt vers le Nord qu'il fallait se tourner, pas tellement vers la Germanie.

Le premier album "Morgenröte" brassait les codes du Black Mélodique d'alors, avec une grosse influence suédoise, mais une aridité certaine duquel les vocaux de Graf Von Beelzebub, agressifs mais clairs émergeaient. Plusieurs nouveautés vont caractériser "Drachenblut", à commencer par la plus significative qui est l'arrivée d'un claviériste. Baalsulgorr (ah ces pseudos élégants !) va métamorphoser en profondeur le son du groupe et lui apporter la grandeur dont les guitares abrasives mais relativement bateau manquaient.

Ajoutez à cela un concept sur le cycle des Nibelungen admirablement (bien que partiellement) traité et mis en musique, reproduisant à l'image de la superbe illustration de Jörg Scheidner (qui signera aussi le rutilant "Infernal Satanic Verses"), et vous obtiendrez l'un des plus prenants albums de Black Symphonique qu'il m'ait été donné d'écouter. La noirceur de ce mythe colle à merveille au style de musique, et les claviers imposants (qui prennent carrément le pas sur les guitares), soutenus par force grosse caisse et blasts sont là pour servir le discours, et sur des monuments comme "Dragonslayer", "Isenstein" ou "Blood From The Xanten's King" l'effet est intense.

Les interludes qui précèdent chaque pièce pourraient passer pour de potentiels obstacles, comme j'ai parfois tendance à le penser concernant le "Nightfall In Middle-Earth", sorti à la même période, mais il n'en est rien ; ces respirations dans le récit chapitrent "Drachenblut" et mettent clairement en avant l'aspect mélodique, rapprochant MYSTIC CIRCLE des Anglais de CRADLE OF FILTH, même si c'est sur "Infernal Satanic Verses" que ce sera le plus flagrant. Très tôt dans sa carrière, le héraut du Black Symphonique allemand atteint son plein potentiel, avant une descente inéluctable qui verra son bienfaiteur essentiel Baalsulgorr quitter l'aventure (après "The Great Beast").