Intérieurement bousculé par l’œuvre d’AFSKY et ma récente conversion au Black Atmosphérique à tendance dépressive, je creuse les obscures archives de NIME en la matière, tel l’Indiana Jones du Metal, excavant joyau sur joyau. Prenez les Américains de WOLVES IN THE THRONE ROOM en guise de Saint-Graal du genre ! Je ne me suis plongé que tardivement dans leur discographie, chaudement recommandée par mes estimés collègues, de l’ancêtre Nocturnalpriest à Mefisto ou Storm, en passant par Fenryl, compagnon d’armes de toutes mes batailles. Et bien m’en a pris. "Two Hunters" et "Black Cascade", notamment, se sont frayés une place de choix dans ma rotation, squattant mes playlists jusqu’à plus soif.

Alors, en voyant ce "Crypt Of Ancestral Knowledge" débouler, je ne pouvais que me réjouir d’enfin découvrir un disque du groupe dès sa sortie, et non quinze ans après. L’EP se décompose en quatre pistes pour vingt minutes au total, une durée légèrement inhabituelle pour une formation qui a pourtant l’habitude d’étirer son propos, parfois au-delà du raisonnable (mais quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce-pas ?). C’est donc une première surprise, que j’accueille pourtant avec une curiosité bienveillante, avide de constater si la formule prend aussi bien sur des titres de cinq minutes.

Malheureusement, mon ardeur ne sera pas récompensée sur ce coup-là. Et ce n’est pas la longueur des chansons qui est en cause, mais plutôt la conjonction de deux défauts majeurs : le déséquilibre entre les instruments ainsi que le parti-pris musical assumé par Nathan et sa bande de loups solitaires. Les claviers sont en effet omniprésents, exagérément mis en avant dans le mix, étouffant le son des guitares de manière excessive. Ils occupent le devant de la scène mélodique, minimisant le caractère mélancolique intrinsèque au son du combo. Les émotions se font aussi rares que le soleil à Amsterdam. Pour le coup, ça la fout un peu mal. Et comme l’écriture de l’opus est plus axé Mélo qu’Atmo, cela renforce le sentiment de manque de personnalité de l’ensemble, un comble lorsque l’on évoque l’une des références du genre.

Par certains aspects, "Crypt Of Ancestral Knowledge" pourrait être le fruit de n’importe quel groupe de Black Mélo de la planète et constitue une franche déception pour votre serviteur, fauché dans son élan affectif comme un lapin en plein vol. Sans être forcément mauvais dans l’absolu, il ne se montre en revanche pas à la hauteur de sa noble ascendance. Peinant à se montrer sincèrement touchant, il s’écoute toutefois d’une oreille distraite avec un certain plaisir, ce qui ne lui évitera pas la sévère note de 2,5/5.

Dans le genre, il y a en effet beaucoup mieux.