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BLACK ATMOSPHÉRIQUE  |  STUDIO

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AFSKY - Ofte Jeg Drømmer Mig Død (2020)
Par KOL le 23 Juin 2023          Consultée 1078 fois

Je suis persuadé qu’il existe bien des mystères en ce bas-monde qui ne demandent qu’à être résolus, mais que la science n’a pas encore réussi à craquer. Prenez AFSKY par exemple. Comme Mefisto le relevait à juste titre, j’avais fini l’EP séminal le futal aux chevilles, abasourdi par sa beauté. Et lorsque j’enchaînais sur "Sorg", qui reprenait pourtant globalement les mêmes ingrédients, à savoir un Black Atmosphérique à tendance légèrement dépressive sur les bords et intégrant quelques légères touches Doom et Folk, je restais de marbre. Non pas que ce fut mauvais, bien entendu, mais la magie ne se produisait plus, sans que je ne parvienne totalement à l’expliquer rationnellement.

Deux ans seulement après "Sorg", AFSKY nous revient donc avec "Ofte Jeg Drømmer Mig Død", ce qui signifie dans la langue de KING DIAMOND : "souvent je me rêve mort". Autant dire qu’Ole Perdersen Luk, le cerveau derrière ce one-man band, ne semble pas avoir prévu de changer de programme, à l’image du touchant artwork, peu équivoque en matière d’optimisme et de chant des oiseaux au petit matin. Ce tableau est d’ailleurs une œuvre datant du XIXème siècle réalisée par l’artiste H.A. Bredekilde et intitulée "Udslidt", soit "Usé". L’album se révèle être d’une certaine façon conceptuelle, autour du thème de l’exploitation de la vie humaine par le travail, jusqu’au décès. Toutes les chansons sont inspirées de poèmes et de textes danois, dont je vous épargnerai les noms, chers lecteurs, mais sachez que l’information est disponible à la demande.

Si le précédent disque m’avait quelque peu laissé sur ma faim, son côté brut de fonderie y était pour beaucoup. Tant par la production, sèche, que par l’écriture, qui m’apparaissait moins inspirée que sur son premier essai. Fort heureusement, AFSKY renoue ici avec ma muse, le désespoir, et y retrouve une substance profonde comme les abymes. Les aspects Doom et Folk sont mis en retrait, pour se concentrer sur le message porté par Ole Luk, à savoir un mélange de chagrin et de colère, qui est si bien retranscrit dans son œuvre. La douleur s’exprime notamment dans l’utilisation de guitares acoustiques ou d’arrangements au violon tandis que la rage transpire à travers les motifs Black Metal sans concession aucune. De cette dualité naît une puissance émotionnelle finalement assez rare chez nos contemporains, mais je compte bien sur l’arrivée de Storm dans nos rangs pour me faire mentir.

Chaque piste est ici bien distincte mais l’ensemble forme un tout indissociable. De l’ouverture en douceur de "Altid Veltilfreds" à "Angst", qui ressort pour le coup des éléments Folk pour clore les hostilités, "Ofte Jeg Drømmer Mig Død" est un voyage en terre gelée, peuplé d’êtres brisés attendant la délivrance par le trépas. Profondément mélancolique à l’image de l’ensemble, le chant déchiré du frontman vient régulièrement s’intercaler entre les guitares pour renforcer ce sentiment qui vous prend à la gorge, de la première à la dernière minute de l’opus.

D’une durée idéale de 45 minutes, "Ofte Jeg Drømmer Mig Død" ne lasse à aucun moment, malgré un genre qui peut rapidement tourner en rond. La raison principale réside à mon sens dans le songwriting de son compositeur, qui sait épurer ses morceaux pour n’y laisser que l’essentiel, à savoir les mélodies, nues. La recherche harmonique est simple mais bougrement efficace, et le maître possède de surcroît une science des tempi à toute épreuve, sachant quand ralentir et quand déchaîner les enfers, comme sur la superbe "Tyende Sang", longue pièce de plus de huit minutes, jamais rébarbative. Comme quoi, il est possible d’étirer son propos sans provoquer de bâillements chez l’auditeur. Certains devraient en prendre de la graine…

Et quand cette écriture se marie avec une exécution sans faille, on sait là que l’on tient une œuvre aboutie. Car sincèrement, si rien n’est fondamentalement complexe dans la musique d’AFSKY, encore faut-il résister à l’envie de prouver quelque chose à ses congénères ("t’as vu le plan de maboule que j’ai passé ici ?"), et savoir aussi comment l’emballer. Et pour le coup, le papier cadeau est de qualité, Môssieur. Le rendu des blasts en est la meilleure illustration, la grosse caisse sonnant du feu de dieu, bien sombre, bien basse, participant grandement aux atmosphères mystiques qui parcourent ce second LP, comme sur la superbe "Imperia" et ses élans enivrés.

Bref, c’est encore un quasi-sans-faute pour AFSKY, qui mine de rien se forge une discographie de grande qualité, en moins de dix ans. Si le Black Metal vous bloque comme il m’a longtemps rebuté, je ne saurais que trop vous conseiller de lui donner une chance avec "Ofte Jeg Drømmer Mig Død", les émotions et les mélodies qui le parcourent pourraient, sur un malentendu, vous permettre d’ouvrir la porte d’un univers bien plus riche qu’il n’y paraît vu de l’extérieur.

Note réelle : 4,5/5.

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- Ole Pedersen Luk (tout)


1. Altid Veltilfreds
2. Tyende Sang
3. Imperia
4. Bondeplage
5. Stemninger I & Ii
6. Angst



             



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