Pour visiter les fraîches contrées danoises, pas besoin de le faire AFSKY ou en raquettes, le backpacking reste le meilleur moyen de découvrir toutes les richesses de la patrie du KING (DIAMOND, pas PRESLEY), quand bien même le bas plafond nuageux se montrerait le plus souvent grisâtre. Fascinant pays s’il en est, il présente à la fois les richesses de la culture scandinave et celles des peuples d’Europe continentale, et je ne peux qu’encourager nos bien-aimés lecteurs à y traîner leurs guêtres si l’occasion devait d’aventure se présenter à vous. Mais puisque NIME est un webzine de Metal et non le guide du routard, passons aux choses sérieuses, et à ce "I Stilhed", quatrième pièce proposée par Ole Luk Pedersen, seul protagoniste aux commandes du projet.

One-man band officiant dans un Black atmosphérique teinté de légères touches franchement dépressives sur les bords, AFSKY a pris la fâcheuse habitude de nous envoûter tout au long de sa discographie, faisant l’unanimité au sein de notre joyeuse troupe de scribouillards. Il revient ici avec un court EP au concept très particulier. En effet, ce nouveau disque est intégralement acoustique et sans chant. Ole Luk reprend en fait majoritairement les mélodies de ses précédentes compositions et nous les expose ici à cru, dénuées de tout artifice et de la moindre violence, exaltant leurs aspects les plus mélancoliques et tristes. Un homme, une guitare, et basta : aucun arrangement, ni edit pour effacer le son des mains se déplaçant sur le manche, rien de tout cela pour mieux préserver l’intimité à laquelle l’artiste nous convie. Le pire, c’est que cela fonctionne du tonnerre.

Les émotions auxquelles il nous avait habitué sont toujours aussi présentes, dans leur plus simple apparat, délivrées avec une simplicité et une naïveté d’autant plus touchante. Il faut quand même avoir un certain courage pour se présenter ainsi devant les hordes métalliques, couplé à un véritable talent pour qui plus est les convertir à cette approche si singulière. Mais je ne doute aucunement que vous puissiez apprécier ce moment de… Musique.

Après, si l’on regarde la chose objectivement, une partie du charme d’AFSKY réside malgré tout dans le contraste entre le déferlement sonore, tant instrumental qu’au niveau d'une voix déchirée et perdue dans des limbes de réverb, et la beauté de ces lignes épurées, contraste qui est ici absent du fait du parti-pris de l’auteur. Cet EP est donc à prendre pour ce qu’il est : un moment particulier et probablement unique, destiné à sublimer certains aspects de son oeuvre sans doute au détriment d’autres, remisées temporairement dans sa besace.

Il n’en reste pas moins de bonne facture, et vous prendrez bien du plaisir à l’écoute de ces maigres vingt minutes de spleen réconfortant et lancinant, à méditer au coin du feu l’hiver comme à gratouiller sur votre vieille Folk aux cordes oxydées, le maestro ayant même poussé le vice à proposer l’album avec ses tablatures.

AFSKY est grand, je vous le confirme une fois de plus.