Les compères Slash et Myles Kennedy sont décidément hyperactifs. Pendant que le guitariste rejoint finalement, contre toute attente (et quelques billets sans doute), Axl et les GUNS N’ROSES, le chanteur enchaîne les projets solos intimes et réussis sans laisser pour compte ALTER BRIDGE. Malgré toute cette actualité, les deux réunis, en pleine bromance, trouvent le temps de nous pondre leur quatrième album avec The CONSPIRATORS, sobrement intitulé "4", pour ceux qui ne suivent pas. Enregistré dans des conditions live pour restituer l’énergie de la scène et capturer l’alchimie entre les musiciens, il s’agit malheureusement selon moi de leur essai le moins abouti. Rien qu’à l’évocation du titre, les mauvaises langues pourront arguer que le groupe ne s’est pas foulé.

Lorsque l’on évoque le nom du guitar-hero, deux clans s’affrontent : ceux qui crient au génie, et ceux qui le considèrent comme foncièrement surcoté. Je fais pourtant plutôt partie de la première catégorie, ayant grandi avec le son de sa Les Paul dans les esgourdes. Slash est celui qui m’a motivé à saisir une gratte et à m’user les mains dessus (ainsi que les oreilles de mes colocataires). Sa patte est reconnaissable entre mille et l’on peut même fredonner la plupart de ses parties lead. Pour fermer le ban, "Appetite For Destruction" figure dans mon top 10 all-time, tous genres confondus. J’aurais tant aimé apprécier cet opus, malheureusement, ce n’est pas le cas.

Très rapidement, le premier titre alerte. L’impression d’un déjà-entendu se confirmera sur l’intégralité de l’album. Rien de vraiment choquant, mais la formule, qui fonctionnait si bien sur "World On Fire", semble manquer d’un ingrédient. Si "Apocalytic Love" et "Living The Dream" recelaient de véritables pépites, ils contenaient également déjà un peu de remplissage. Mais ici, rien de tout cela, les orpailleurs en seront pour leurs frais. Comme si cet album était constitué intégralement de chutes des précédents essais. Tout est pourtant en place, le line-up reste inchangé, mais force est de constater que la mayonnaise ne prend pas. Le problème réside selon moi dans une certaine paresse dans le processus créatif. Sans doute trop pris par leurs activités annexes, Myles et Slash ont balancé dix morceaux en mode pilotage automatique. Il est intéressant de noter d’ailleurs que la livraison 2022 ne contient « que » dix titres, là où les précédentes étaient plus (et même parfois trop) généreuses. Auraient-ils eu du mal à boucler ce LP ?

Par ailleurs, et même si je l’aime beaucoup et qu’il reste un incroyable showman, la voix de Myles Kennedy commence à devenir nasillarde avec le temps, un peu à l’instar de Serj Tankian. Ce qui n’était pas gênant par le passé tend à le devenir. Quant à son acolyte, il envoie des soli absolument oubliables, dont je serais bien incapable d’en retenir un seul, ce qui est un comble quand on a son track-record en la matière. La recherche mélodique pâtit-elle des conditions d’enregistrement ou le groupe a-t-il simplement voulu pondre des titres agréables à jouer ensemble, tout simplement ? Les plans de "Fill My World" ou de "Actions Speak Louder Than Words" ne sont ainsi des recyclages plus ou moins assumés.

Bien sûr tout cela n’est pas inaudible, les oreilles ne saignent pas non plus, loin de là. La section rythmique tourne à plein régime, surtout dans ces conditions live ce qui mérite d’être souligné. Todd Kerns assure toujours aux chœurs et le jeu des deux guitaristes se complète et s’équilibre bien. Je sauverai également de la noyade un "Call Of The Dogs" bien énervé qui m’a presque émoustillé.

Bref, vous l’aurez compris, c’est une réelle déception vis-à-vis d’une formation visiblement en manque cruel d’inspiration.

Note : 2/5, qui aime bien, châtie bien.