Le problème avec UNTO OTHERS, outre que le nouveau nom du groupe est bien moins bon que le premier, c’est que la formation à l’art de faire passer des vessies pour des lanternes. La magie opère ici exactement 3 minutes et 41 secondes, le temps d’un premier titre dévastateur qui aurait dû défricher large au niveau du reste mais il n’en est rien. Bon, revenons en arrière. Le premier album a été salué un peu partout, mais je lui trouvais quelque chose de terriblement kitsch qui ne me parlait pas des masses. Pour un disque qui puisait ses influences dans le Gothique, disons que niveau sentiments, c’était désespérément plat, le chanteur ne véhiculant aucune émotion, ce qui est une grosse, grosse tare quand on pratique le genre.

Là, UNTO OTHERS a réussi à me séduire le temps de la première chanson, où j’ai même pardonné à Gabriel Franco d’être un mauvais clone de Robert Smith (qui lui a su faire de la déclamation une force théâtrale qui a permis à The CURE de franchir de nombreux paliers au cours de sa carrière). Mais la suite… C’est comme si le groupe s’était focalisé sur le plus ridicule pour appuyer dessus et proposer un truc vaguement Goth au final, très cliché en revanche. C’est aussi original qu’un album récent d’AC/DC si vous voulez. Des idées plus Post Punk qui émaillaient le premier album, il ne reste plus grand-chose et nous voilà obligés de composer avec un clavier casse-burne qui sonne parfois étrangement amateur, quand ce ne sont pas les idées qui sont ridicules (les sons d’aigles sur "Destiny", au secours !).

Et ça fait chier, parce que les soli sont plutôt sympas, la guitare parvenant à bien sonner et à se montrer brillante à l’occasion. Puis il y a ce chanteur qui gâche irrémédiablement le tout. Ce n’est pas terrible en fait. Ça manque de volume, de relief et ça fait surtout très trafiqué, comme si auto-tuné à outrance. En un mot comme en cent : virez le chanteur et vous obtiendrez peut-être quelque chose de plus profond, de plus sincère. Parce que ça me trotte dans un coin de la tête depuis la tête depuis le premier album, mais SPELLCASTER, ça ne sonnait pas comme ça et ça n’avait pas des masses de succès d’ailleurs. Là, ça ressemble à une entreprise pour séduire un large public en faisant une musique über calibrée, avec des morceaux courts pour faire autant de singles les plus improbables possibles. Bref, je pense que les musiciens ont la sincérité de Gene Simmons.

Quelque part, la démarche n’est pas sans rappeler GHOST, avec un mélange de Heavy, de Hard Rock et, dans le cas de UNTO OTHERS, une approche Gothique bien plus poussée. Mais en termes de talent et de justesse, GHOST enterre définitivement les Américains. "Strength" est pour moi la confirmation que UNTO OTHERS n’est que de la poudre aux yeux, sans réel talent et d’une honnêteté douteuse, une confirmation dont je me serais bien passé, ayant eu envie d’y croire. La déception n’en est que plus grande.