Bénéficiant du statut de groupe culte, KYUSS a toujours su proposer un niveau de qualité constant durant sa courte carrière. Des débuts vaporeux de "Wretch" aux merveilleux délires psychédéliques de "Blues For The Red Sun", jusqu’à l’aboutissement mélodique de ce somptueux dernier album, absolument rien n’est à jeter…

Dans le désert californien il fait chaud, très chaud. Inventeur en chef et fer de lance du courant « Stoner « , Josh Homme et ceux qui ne sont pas encore ses sbires balancent avec "...And The Circus Leaves Town" l’apogée d’un style qui montre ainsi ses limites.
Finalement qu’auraient t’ils eu à proposer de neuf et d’innovant après ça ? Le leader et guitariste l’a bien compris et dissoudra d’ailleurs son groupe de cœur après cette sortie, ne voulant en aucun cas se répéter ou s’auto-plagier.

Avec une production se voulant brumeuse et quelque peu enfumée (la voix de John Garcia est étrangement mixée en retrait), KYUSS offre à l’auditeur un brouhaha audible et parfois même délicat. C’est cette ambivalence, ce paradoxe qui donne ce charme si particulier au disque, qui est construit comme un jardin français, bien délimité, avec cette liberté prise de tailler comme bon nous semble. Les guitares fuzz de Homme sont toujours là, l’agressivité rythmique aussi, mais là ou le groupe surprend son monde, c’est que les chansons sont écrites et basées autour de la mélodie, ce qui est assez nouveau pour ces musiciens du désert plutôt habitués à décharger de l’énergie brute en l’enrobant de subtilités à l’étape des arrangements.

Pièce maîtresse et indispensable d’un genre qui survit aujourd’hui grâce à une pléiade de groupes qui se copient les uns les autres, "...And The Circus Leaves Town" est un chef –d’œuvre riche, varié et d’une intelligence artistique rare.

Passez de "Hurricane" à l’instrumental "Catamaran" et vous observerez une cohérence qui est somme toute évidente. Et puis cette pochette, c’est du grand art aussi !