Y a-t-il encore besoin de le rappeler ? Y a-t-il encore besoin de faire le bilan de "Welcome To Sky Valley" ? Chef d'œuvre incontesté et inégalé du Stoner. Devons-nous encore l'écrire mille et une fois ? Enfin... moi-même pendant longtemps je n'y ai pas cru. Je voyais fleurir aux quatre coins du web cette pochette rosée, mais rien n'y faisait. Sans déconner... un panneau, vous y croyez sincèrement ? Un énorme chef d’œuvre derrière un panneau de signalisation ? Non mais la blague ! Le mythe ! Le canular on aurait envie de crier... pas pour très longtemps.

On la connaît tous l'entame, le moteur qui fait ses premiers tours, qui gronde en attendant que la course soit lancée ; la guitare alors jusque là statique et ronronnante se retrouve propulsée par une batterie nerveuse mais précise, le tout déjà crevant de chaud vient se faire propulser le postérieur par une basse toute en (g)rondeur. Merde quoi ! Quel opener peut rivaliser ? Quelle production, quel son, vous aura autant plongé dans le désert californien, le sable dans les cheveux et ce putain de soleil qui tape sans relâche ? On le connaît tous, "Welcome to Sky Valley" c'est à la fois l'assommoir des sens et leur élévation. Le groupe gravite entre une hâte toute autoroutière et l'évasion lunaire, la suspension du temps entre deux volutes de fumée. L'exemple parfait de ce dipôle foudroyant est bien entendu compris dans ces morceaux électriques, tendus et à la fois libérateurs, exorcisme de la tension toute cuirée de l'habitacle de ta vieille caisse. Pointons du doigt le furieux et illuminé "Asteroid".

La chaleur et l'ivresse, a-t-on vraiment besoin de plus pour accoucher d'un monument dans ce petit monde qu'est le Stoner de Désert, dans ce microcosme de fumeurs patentés qui, en attendant la fin du Monde, délivre le riffing des terres desséchées balayées de ces vents arides ? Emportons-nous, c'est le bon moment. Entre deux cavalcades et courses poursuites de camés dégénérés (l'effréné "Odyssey", la fuite sauvage incarnée par "Conan Troutman", "100 Degrees" ou le Punk du Stoner, l'enchaînement de riffs géniaux sur "Supa Scoopa And Mighty Scoop"), les Californiens savent aussi tirer le frein à main et pondre des petits joyaux de psychédélisme cristallin (le duo "Space Cadet" et "Demon Cleaner" bien entendu) qui, en usant des mêmes stratagèmes que le reste des titres, savent voyager du côté plus ritualiste du genre, slalomant langoureusement dans les fragrances musquées de l'orange crépuscule. Pas une seule fois la tension ne sera relâchée (comprendre que les deux derniers titres sont aussi des tueries : "No" est le groove, tandis que "Whitewater" est la tornade finale assez logique finalement). Avec une structure en sandwich qui laisse le temps de tirer sa latte en cours de route, "Welcome..." hit the road comme peu ont réussi à le faire depuis.

N'épiloguons pas et laissons la magie de cet album opérer, laissons le feeling de ces bonnes ondes irradier nos journées. "Welcome To Sky Valley" restera à jamais maître de nos brûlantes escapades. Chaque année, si nous attendons l'été ce n'est pas pour aller faire trempette sur la côte mais bel et bien pour blaster encore et toujours cette petite rondelle pleine de vie, de fougue et de couleurs. Arrêtons-nous ici et, le corps parcouru de frissons, écoutons.


Power booster, I'm talkin' to God and more