Cet uppercut, on ne l'a pas vu venir. Certes, "Manslaughter" constituait un bon retour, mais voilà, c'était juste un "bon" disque. Là, désormais, Ice T et son gang veulent en découdre plus que jamais, pas de place à l'humour ici, tout n'est que gravité. De la guerre civile évoquée sur la première piste en résulte une véritable ambiance de chaos urbain qui dure tout le long de cet album ultra intense. Et le plus fort, c'est que cette tension ne baisse jamais ! Les tueries s'égrènent ici les unes après les autres, installant certains de ces pamphlets comme de nouveaux classiques incontestables : "No Lives Matter", "The Ski Mask Way", "Black Hoodie"...

BODY COUNT a rarement fait dans la dentelle en terme de lyrics, mais jamais on n'aurait pu penser que c'est au bout de 25 ans de carrière que le groupe allait accoucher de son disque le plus radical. Tout est vindicatif sur ce "Bloodlust". Pas de place pour l'humour, aucune sex song de merde ne vienne polluer l'album. Cela aurait pu donner un ensemble un peu étouffant, mais non, car celui-ci est parfaitement agencé, avec des changements de rythmes et d'ambiances bienvenus : parfois très glauque ("Here I Come Again"), ou plus aérien (le final du superbe "This Is Why We Ride"). Viennent s'intercaler les habituels passages parlés introductifs, qui ne s'attardent jamais trop longtemps, et une reprise démentielle de "Raining Blood/Postmortem" qui témoigne une fois de plus de l'absence de concession de ce "Bloodlust".

Alors que ses deux leaders atteignent les 60 balais, qu'Ice T n'est plus dans le besoin depuis longtemps, le groupe déploie une énergie et une radicalité phénoménales. Oubliez donc les KREATOR et SEPULTURA qui ont sorti des albums certes puissants cette année, mais finalement bien proprets et au fond plutôt convenus. La voilà la véritable boucherie de 2017. Ces mecs là n'ont pas oublier d'où ils viennent. Qu'on adhère ou pas, ils ont des choses à dire et le font avec une conviction inébranlable. Ernie C n'a jamais bénéficié d'un son aussi énorme, tout en restant parfaitement idoine. Les invités sont à leur place (BODY COUNT arrive à me faire aimer le Max Cavalera actuel, exploit). Et finalement cela donne quoi ? Le meilleur album de BODY COUNT à ce jour. Respect. Motherfuckers.