Ça partait mal avec une pochette évoquant du Post Black Prog bidon, un nom d’album chelou et surtout un "A Perfect Absolution" pas mauvais, mais loin d’être indispensable, simplifié et doté d’une production grossière (quelle batterie disgracieuse!). Et là, après une petite minute d’intro au piano inutile, bam. La claque. Je m’en veux énormément d’avoir douté une seule seconde de la capacité de GOROD à rester dans le peloton de tête du Death Technique mondial. Même pas besoin d’écouter jusqu’au bout pour comprendre que non seulement nos Bordelais sont toujours dans la course mais qu’en plus ils se permettent de foutre une tôlée à quasiment tous leur concurrents.

Oubliez donc "A Perfect Absolution", on revient à un style proche de "Process Of A New Decline" et "Transcendence". La production est délicate, la batterie à la fois subtile et extrêmement véloce. Côté nouveautés, on notera des riffs à la BLOTTED SCIENCE de-ci de-là, surprenant pour du GOROD et ô combien jouissif, vous vous en doutez. Le groupe renoue avec un niveau technique étourdissant et une écriture complexe, ultra riche, remplie de petites trouvailles sonores qui croquent sous la dent, un régal. Le ton de l’album est étonnamment lumineux et les mélodies en tapping sont légères, frivoles comme si elles avaient envie de se déshabiller pour nous faire un teasing de grand luxe rien que pour nos yeux.

J’ai eu beau adorer le boulot de Santiago sur les albums précédents (surtout sur "Process"), il faut bien avouer que le nouveau marteleur de fût, le bien nommée Karol Diers, est parvenu à me le faire oublier sans moufter tellement son jeu précis et virtuose m’a scotché dans mon lit (oui j’ai pas de siège chez moi #pauvreté), alternant les courtes séquences de blast avec des plans jazzy sautillants et un jeu de cymbales à perdre les (doubles) pédales. Reste le cas de Julien au chant qui, s’il est éminemment sympathique et propose un panel vocal assez diversifié, n’arrive pas à la cheville des growls profonds de Guillaume Martinot et s’entête de plus à balancer des hurlements Hardcore qui n’ont rien à faire là. Mais c’est vraiment le seul petit défaut d’un album parfait de bout en bout.

Je pourrais en dire des caisses sur chacun des joyaux qui composent ce "Labyrinthe De Croyances Recyclées", mais je retiendrai surtout le final de "An Order To Reclaim" (et ses fioritures guitaristiques dignes d’un DEVIN TOWNSEND illuminé) ainsi que celui de "Syncretic Delirium" à la progression orgasmique, le refrain de "The Mystic Triad Of Artistry" avec ses rythmiques complètement folles et le groove typiquement GOROD-ien de "Inner Alchemy" et "Rejoice Your Soul" qui font remuer du popotin en dépit de toute logique.

Voilà, si vous n’aviez pas encore compris, la nouvelle cuvée de GOROD, c’est de la bonne et il faut en abuser, c’est garantie sans gueule de bois. Pour ce qui est de l’année 2015 en Death, il y a tout de même le SARPANITUM qui parvient à être au coude à coude avec lui (dans une veine plus brutale) dans la course au titre d’album de l’année, les autres quant à eux pourront juste se consoler avec un bon gros rhume après la bourrasque qui vient de les sécher sur place.