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DOOM METAL  |  STUDIO

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DRACONIAN - Sovran (2015)
Par VOLTHORD le 14 Novembre 2015          Consultée 7288 fois

Et si WITHIN TEMPTATION, après un "Enter" prometteur avait cueilli les fleurs du mal plutôt que les roses blanches ? Et si la voix à la fois lumineuse et subtilement brisée d’une Sharon Den Adel depuis longtemps perdue aux démons de la pop facile revenait en force dans un exercice Doom au style aussi prévisible que sincère ?
"Sovran" pourrait en être une démonstration. Pendant près d’une semaine j’ai écouté cet album en me racontant à chaque écoute ce mensonge. Contempler chaque petite nuance et chaque intonation de ce chant simplement beau, qui surpasse son modèle, dans un mélange si subtilement orchestré.

Comme un autre miracle qui s’accomplit, et mon petit cœur qui, comme cette basse envoûtante de "Pale Tortured Blue", fait "doom doom" comme au temps de mes premières amours métalliques. Une légère brise dont les souffles portent l’ombre d’une menace, riff lourd et cyclique, violon discret, rythme plombé, couplet imaginé comme un murmure où dès la première minute cette voix vous assomme de sa vérité. Ce romantisme blessé, ce ton légèrement blasé, pourrait à lui seul exemplifier tout le bien que je pense de "Sovran".
Et à quel point une nouvelle chanteuse et quatre années d’absence auront embellis en tous points la musique de DRACONIAN.

Un groupe que j’avais lâchement abandonné après un "The Burning Halo" qui semblait avoir été un peu anticipé trop vite après un "Arcane Rain Fell"" essentiel. Je croyais les Suédois condamnés à ne jamais revenir à l’idéal qu’était cette perle. J’écoutais les nouvelles offrandes en diagonale, j’ai même fait l’impasse sur le pourtant très bon "A Rose For The Apocalypse". C’est l’heure de se repentir : les Suédois sont maîtres de leur art, et plus que jamais de retour à son zénith.

Quelques accords dissonants, cadence plombée, orgue funèbre. Une introduction qui pose le décor. Et un clavier grelottant qui introduit dès les premières minutes la voix de Heike Langhans, grave et triste, forte et sentencieuse. Inévitablement, la voix rocailleuse et agressive de Anders Jacobsson prend le pas dans une valse automnale connue mais si finement arrangée qu’il est difficile de bouder son plaisir. "Heavy Lies The Crown" est grand, "The Wretched Tide" et "Pale Tortured Blue" sont tout aussi fantastiques et peuvent à eux seuls vous faire célébrer bras ouverts et larmes déployées le retour de DRACONIAN.

"Sovran" trouve une lourdeur plus subtile et sucrée que celle présente, par exemple, sur l'écrasante dernière offrande de SHAPE OF DESPAIR. DRACONIAN ralentit légèrement la cadence si on compare "Sovran" à "A Rose For The Apocalypse". Il reste néanmoins fidèle à ses riffs proches d’un MY DYING BRIDE, aère ses chants, profite pleinement d’une nouvelle vocaliste faisant à chaque instant des merveilles dans le rôle de l’ange déchu. Ses claviers, ses violons et ses pianos restent discrets mais pourtant essentiels au décor. Si les deux derniers tiers sont plus inégaux que les trois premières pièces, on pourra retenir ce "Dishearten" fantomatique, où l’histoire d’amoureux transits mue dans un effet dramatique prenant. Où de nouveau la subtilité de sa montée en puissance et son romantisme blessé, sans gêne et sans second degré en font une pièce atemporelle.
Et allez, ce "Rivers Between Us", en duo avec Daniel Änghede (de CRIPPLED BLACK PHENIX) empruntera un romantisme quelque part entre Baudelaire, un skyblog gothique du début des années 2000 et le dernier MOONSPELL. Coulant davantage comme une rivière de fleurs bleues que comme un nœud de pendu, le titre se positionne pourtant si parfaitement avant ce long final froid et plombé qu’il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit.

J’aurais voulu trouver plus d’imperfections à cet album. Pour un groupe dont il est difficile de juger chaque nouvel opus tant la formule est rodée et érodée, la magie réside sans doute dans un mélange de mélodies savamment dosées, de variations intelligemment amenées… et d’un chant qui change toute la perspective qu’on avait sur le groupe.

En 2015, le Doom mélodique et funèbre fait comme si de rien était, resté figé à la fin des années 90 et au début des années 2000. Dans le genre, l’adage comme quoi c’est dans les vieux plats que l’on fait les meilleurs soupes semble marcher magnifiquement. "Sovran" est album de niche, il ne fera pas beaucoup de nouveaux adeptes de DRACONIAN, mais dans son orthodoxie triomphante, il vient égaler le fantastique "Arcane Rain Fell". Rien que ça.

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   VOLTHORD

 
  N/A



- Johan Ericson (guitare)
- Anders Jacobsson (chant death)
- Jerry Torstensson (batterie)
- Daniel Arvidsson (guitare)
- Fredrik Johansson (basse)
- Heike Langhans (chant)


1. Heavy Lies The Crown
2. The Wretched Tide
3. Pale Tortured Blue
4. Stellar Tombs
5. No Lonelier Star
6. Dusk Mariner
7. Dishearten
8. Rivers Between Us
9. The Marriage Of Attaris
10. With Love And Defiance (bonus Dispensable)



             



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