Oubliez les histoires dans lesquelles le preux chevalier découpe les dragons de la main gauche et va secourir la princesse, les quêtes héroïques truffés d’objets magiques en tout genre où le bien l’emporte toujours sur le mal…Oubliez car ce temps là est révolu…Au loin, le mal prépare ces troupes, une armée que pas même les immortels ne pourront vaincre…et si c’est le cas, à quel prix ?

« One man groupe » bulgare mené par Ivo Iliev, Darkflight donne aujourd’hui naissance à « Under The shadow of fear », véritable fresque de «dark fantasy metal ». Après de maintes écoutes attentives et un entretien mailistique avec l’éminent maître d’œuvre de cette machine infernale, je vous propose de pénétrer dans les contrées obscures et mystérieuses du monde des ombres…a vos risques et périls…

Je placerais cet opus dans un contexte doom metal croisé avec de l’ambient et peaufiné de résonances black ou gothiques. On ne peut s’empêcher de penser à Summoning par moments, voir à Within Temptation mais jamais de «déjà entendu ». Dès son premier album Darkflight réussit à se forger un son identifiable aux premières notes.

« Cet album est un ensemble, avec ces atmosphères et ses émotions propres, chaque morceau séparé n’aura pas autant d’impact que tous les morceaux réunis, peut être que cela est du à la production, je ne sais pas, mais si la musique et les textes combinés construisent des images ou racontent une histoire qui nourrissent l’imagination de l’auditeur, je serais content. C’était l’idée. »
Pari réussi, Sir Ivo Iliev est on ne peux plus juste :
Côté prod, la guitare est légèrement mise en retrait mais jamais oubliée, refaisant surface dans des riffs ou des courts solos. Sa resonnance est très claire et se fond dans la masse impressionnante de claviers éthérés et symphoniques. Et de là résonnent les hurlement écorchés et démoniaques alternés avec le chant clair de Tatyana Teneva qui a d’ailleurs parfois un peu de mal à se faire entendre. On notera cela parmi d’autres petites erreurs de jeunesses tels l’enchaînement assez bizarre de certaines parties ou encore l’utilisation d’une boite à rythme répétitive...Mais une fois envoûté, plus rien ne peut faire obstacle à notre imagination. On vagabonde à alors a travers des ambiances froides, mélancoliques, sombres ou inquiétantes et toujours épiques, chaque morceau formant un chapitre qui n’a pas la même force tiré de son contexte.

« Le concept de UTSOF n’est pas basé sur une œuvre de fantasy précise, seuls deux morceaux tirés de la demo « Obscure » sont influencés par « The war of the lords veil » de Adam Nichols, je pense que les textes ne seront pas interprétés de la même manière par différents auditeurs...mais je trouve ces morceaux un peu naïf désormais (surtout si on les compare aux nouveaux !)... »

Espérons que le magicien de Darkflight saura rester modeste jusqu’au bout et sera un jour reconnu pour son talent. Ce premier opus est pour moi « LA » surprise de l’année 2003, un véritable enchantement de 40 minutes, un doom metal symphonique et original à écouter attentivement, livret en main… Concernant l’artwork la cover est grandiose, dessiné par Christophe Vacher qui illustre le titre « To die in your arms », le livret est sympathique.