Après l'écroulement définitif du label Rage Of Achilles, DARKFLIGHT et son fort sympathique leader Ivo Iliev sont tombés dans une sorte de coma artistique fort regrettable. La parution d'Under The Shadow Of Fear, il y a quatre ans de ça, nous aura permis d'entrevoir l'apparition d'un groupe habile dans la création d'atmosphère, voir même complètement génial, dans une œuvre non dénuée de défaut mais tellement bien faite qu'il m'est toujours impossible de revoir mon appréciation au rabais.

Si cette perle underground n'avait pas bien marché, surtout à cause d'un label en faillite et d'une distribution timide, elle aura au moins laissé un souvenir impérissable de DARKFLIGHT dans la tête de la plupart de ses auditeurs (ses fans quoi)... Et moi le premier.

Il n'y eut jamais véritablement de "grand retour" annoncé, le bonhomme toujours orphelin de label avait bien balancé quelques pistes sur le net (les fameux titres promos 2004), malheureusement à l'heure actuelle, il se retrouve encore et toujours dans un status quo regrettable. Distant Pain est une nouvelle démo auto-produite, nous dévoilant trois titres bien plus douloureux et suffocant que ce qu'il nous avait jusqu'à lors fait partager.

La grande particularité de ce Distant Pain, et c'est sans doute pourquoi Ivo et son nouveau compère Dean Todorov ont bien séparé la démo de 2004 et ces morceaux de 2007, c'est cette nouvelle ampleur malsaine, presque déraisonnable qu'auront pris les compositions.
Ce qui nous accueille, ce ne sont plus des aléas de claviers vaporeux mais un mur de guitares doomesque de chez doomesque venant s'ajouter aux guitares solistes cristallines qui font partie intégrante de l'identité du groupe. A ce niveau là, les multiples riffs et le plombage sonore des guitares rythmiques sont très nettement plus sophistiqués qu'à l'accoutumé (d'autant plus que la basse est bien plus fluide): DARKFLIGHT étouffe ses mélodies, les faits remonter en surface, les perds dans un brouillard sonore qui n'a rien à voir avec un manque de maturité, mais au contraire contribue à créer un entremêlement de mélopées mélancoliques lointaines et d'un spleen des plus moroses. Dommage que le travail des claviers n'ait pas été pensé de la même manière, ce qui nous aurait donné certainement des compositions d'une rare complexité, et qui auraient ralliées davantage l'aspect merveilleux de Under The Shadow Of Fear. C'est peut-être aussi ce côté écrasant qui s'avère au final un peu regrettable, la stagnation rythmique rendant parfois les deux premiers morceaux un peu longuets.

La douleur viscérale qu'évoque l'ensemble achève tout espoir de trouver une voie vers l'imaginaire, qui, tapit dans une ombre mouvant et fébrile, tente quelques incursions. Ses dernières ne se feront que plus nombreuses sur un titre éponyme à la puissance évocatrice des plus fertiles. Un grand moment de magie, charriant autant de chagrins que d'images évasives, et mettant un frein au côté un peu radicaliste des deux premiers morceaux.

Si DARKFLIGHT se désaxe un peu de l'aspect merveilleux de Under The Shadow Of Fear, il arrive à nous garder dans son univers propre, tout en entrouvrant les portes d'une douleur réelle, étouffée... Outre quelques soucis concernant une rythmique surplombée et une utilisation du clavier qui aurait pu être à mon avis bien plus poussée, cette nouvelle démo confirme tout de même tout ce que je pouvais penser de mieux de Ivo Iliev, qui parvient à avancer dans l'ombre, évoluer, et rester un grand artiste.

J'attends avec la plus grande impatience un nouvel album, un VRAI!