Ah la Finlande, bien connue pour sa multitude d'excellents groupes heavy qu'elle produit. Mais loin d'elle l'idée de se cantonner à un seul style. Shape of Despair, formé de 5 finlandais on ne peut plus discrets, pas de concerts et très peu d'interviews, propose dans ce deuxième opus les bases qu'il avait établies avec Shades Of.. mais poussées à leurs extrêmes.
Je m'explique: Angels of Distress est l'album de doom-metal LE plus lourd existant.

Déjà que le doom c'est pas le genre à soulever papi de la chaise roulante et que Shades Of.. ne lui ferait même pas lever le petit doigt, à quoi s'attendre avec Angels? A un metal hors du commun. Shape of Despair manie l'atmosphérique et la lourdeur du metal avec brio. Ca et là des intros au violons du plus bel effet(Fallen), des voix féminines grâcieuses. Voilà pour le côté atmosphérique.
Niveau metal une voix grave, mais grave, gutturale au possible, on la croirait sortie de profondeurs de l' enfer. Les guitares sont aussi graves que la basse, elles entretiennent un tempo extrêmement lent et derrière ses fûts le batteur martèle les peaux toutes les 3 secondes. Peut-on trouver un adjectif plus fort que pachydermique? Il conviendrait parfaitement. L'aspect purement technique évalué, reste l'ambiance dégagée.

Magnifique. Shape of Despair a voulu décrire cette Near Death Experience, ce passage mystérieux entre la vie et la mort où ces fameux anges de la détresse attire l'âme du défunt vers un autre monde. C'est bien dans un autre monde dans lequel nous transporte la musique de ces finlandais. Anormalement lente et répétitive (5 morceaux dont pas un ne passe en dessous des 6 minutes), les compos bercent l'auditeur dans une atmosphère funéraire. Ces choeurs représentant les anges, ces vocaux énormes et une musique particulièrement dépressive caractérise une idée de mort que retranscrit majestueusement Shape of Despair.

Si bien que chaque riff, aussi peu fréquent soit-il, devient jouissif, chaque changement de rythme également. Une inégalable impression de complaisance ds la tristesse. "To live for my Death", pièce maîtresse de plus de 17 mn, résumant l'album en entier, est superbe tant les passages vocaux sont finement introduits. Le son excellent met tantôt en valeur les violons, tantôt les synthés tantôt les autres instruments.
Et la répétitivité n'en devient qu'originalité. "Night's Dew" semble un petit plus rapide, tout aussi beau: une note d'espoir dans ce flot de noirceur douce? Mon dieu que c'est beau.

Trop de bourrinage ces temps-ci, passages dépressifs? Pb personnels, amoureux, familiaux, financiers? Shape of Despair vous convient ainsi qu'à n'importe quelle autre personne. Mais attention, de ce monde il est difficile d'en sortir(je trancris: appuyer sur le bouton stop) tant il est superbement décrit, et on meurt d'envie d'y retourner (replacer la galette dans la chaîne hi-fi). Shape of Despair, ou la beauté de la dépression.
Vous êtes sûrs que tout va bien chez vous? J'ai du mal à vous croire.