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SWING METAL  |  E.P

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2014 Voodoo Moonshine
 

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TREPALIUM - Voodoo Moonshine (2014)
Par ISAACRUDER le 25 Octobre 2014          Consultée 3808 fois

Qu'il est triste de voir autant de dithyrambes fiévreux tellement chargés de passion qu'ils inondent la critique de facilités primaires. Qu'il est triste de voir tant de panégyristes prêts à tout pour TREPALIUM – et j'en fais partie – mais qui ne voient pas le résultat de leur énergie. On a beau le répéter à toutes les sauces, TREPALIUM est un des plus grands groupes de notre époque, TREPALIUM propose autre chose, TREPALIUM c'est de l'audace et du talent en barquette, rien n'y fait, la popularité reste à un niveau maigre, le groupe ne dépasse pas outre mesure les frontières, et les écrits enflammés finissent comme autant de torches plongées dans les étendues noirâtres d'une eau marécageuse. Sic.

Pourtant le groupe a essayé de conquérir un public plus large avec son H.N.P et permettez-moi de le dire, ce n'était pas une grande réussite. La qualité de l'album était toute relative, TREPALIUM reniait son héritage magistral, celui du groove impertinent et du riff savamment dosé pour nous détruire les neurones. Il s'enfonçait dans un terreau Panteresque digne d'un groupe amateur, le professionnalisme du jeu en plus, la science de la composition heureusement intacte. À grand coup de tournée avec KLONE, avec GOJIRA, les gars ont sorti l'artillerie lourde, mais ils ne sont toujours pas propulsés au rang international qu'ils méritent depuis tant d'années.

Aussi est-ce incroyable de voir TREPALIUM annoncer un "Voodoo Moonshine" comme un retour aux sources, et même une poussée en avant dans le style dans lequel il excelle, celui d'un Swing Metal totalement barré et audacieux. Ce parti-pris risqué va à contre-courant de l'ouverture, il spolie une partie du public acquis avec un "H.N.P." plus efficace, et pour être honnête il est la preuve significative que TREPALIUM est à part et joue ce qu'il veut, quand il veut, avec qui il veut. Comme un gamin innocent qui joue le candide, le voilà à tirer la langue et balancer de la punchline de KAARIS en classe, jets de shuriken maison en bonus. Et je ne pensais pas dire cela un jour mais c'est ce gamin-là que l'on veut voir. Car TREPALIUM a enfin poussé son jeu à l'extrême et osé la transition qui fera de lui le groupe unique en son genre. Il l'était déjà à plus d'un titre, mais voilà que désormais il ne peut que grimper sur le piédestal bâti spécialement pour lui : celui des artistes avec une vision en marge des poncifs.

« Moonshine Limbo » ouvre le bal des dingues de la plus belle façon et tend à nous faire entrer directement dans cet EP couillu comme Caribou dans l'Grand Nord. Passons sur le riff principal qui entre dans le top 3 de l'année et le top 5 des riffs du groupe, passons aussi sur le génie rythmique revenu au goût du jour, et passons sur l'utilisation dingue des cuivres, habillés spécialement pour nous évoquer l'élégance du Jazz et du Swing le plus bourgeois qui soit, complètement antinomique d'un Metal plus puissant que jamais, et où le moindre riff donne une leçon de talent à tous les groupes de la scène française. À ce titre "Guédé Juice", tout en groove, fait éclater les barrières, et Harun nous gratifie d'un solo de grande classe, soutenu par des cuivres décidément décider à se taper l'incruste dans une soirée censée être réservée à des types en perfecto.

Il est indéniable que TREPALIUM a joué sur son étiquette de groupe groovy. Tout est décuplé dans ce "Voodoo Moonshine" qui multiplie les écarts entre la crasse d'un Metal efficace et les envolées classieuses d'un Big Band dopé au génie ("Fire On Skin" et son refrain pour les soirs de fête). Cette omniprésence des cuivres permet à des morceaux déjà chargés de moments mémorables, de gagner dans une identité fortement imprégnée d'un côté années folles démoniaques ("Blowjob On The Rock" et sa partie au piano digne d'un film avec Lino Ventura qui met des mandales). Pour la question du riff, si particulier dans TREPALIUM, le retour à "XIII" est évident, tant les plans alambiqués se succèdent, égrainant ça et là des frissons sur leur passage, rarement sans dommage ("Damballa's Voodoo Doll" cher lecteur). Le tout reste pourtant plus timide que "Alchemik Clockwork Of Disorder" pour ce qui est de l'incroyable propension de TREPALIUM à écraser dans des plans tordus l'auditeur pris dans du labyrinthe mélodique (on reste loin de la folie d'un "Decayed Emotions") mais on est quand même largement au-dessus du niveau de "H.N.P.". En sus d'une musique bien plus maîtrisée, le miracle s'est produit, éclatant, lumineux, aveuglant : K.K a progressé, et pas qu'un peu. Son chant est bien plus endiablé, relevé par un grain de voix davantage dominé, et gagne une assurance qu'on ne lui connaissait pas sur le plan du placement et de la dynamique Rock'N'Roll ("Damballa's Voodo Doll" est démente). J'ai pu lire d'ailleurs qu'un featuring avec Joe Duplantier de GOJIRA était de la partie sur le dernier morceau nommé : à ceux qui trouvent le passage, écrivez-moi merci. On est loin de la présence d'un invité de grande marque qui profite à TREPALIUM, Matthieu Metzger, qui pimente aussi KLONE, et qui nous envoie du génie comme l'on va s'acheter un paquet de cacahuètes (encore une fois "Damballa's Voodoo Doll", décidément) : La Force Tranquille.

"Voodoo Moonshine" est une véritable claque, et l'on pourra seulement regretter que ce ne soit qu'un EP, tant les morceaux provoquent un véritable sentiment de jouissance. J'aurais tendance à mettre "Possessed By The Nightlife" de côté, trop engagée dans un esprit Punk qui n'a que peu d'intérêt face à autant de prouesses stylistiques autour. Qu'à cela ne tienne, "Voodoo Moonshine" est de l'or en barre, et un pied de nez à ceux qui voulaient du Metal plus classique. La verve de "XIII" est de retour, et rassurez-vous, l'ambiance de "H.N.P." se retrouve parfois, dans ses bons côtés, ceux mystérieux et malsains (la fin de "Blowjob On The Rocks" ou celle de "Damballa's Voodoo Doll"). Laissez-moi garder ce pessimisme amer, TREPALIUM n'atteindra certainement jamais la notoriété d'un GOJIRA, et laissez-moi donner mon avis là-dessus : tant mieux, ça lui évitera de faire de la soupe.

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Par ISAACRUDER




 
   ISAACRUDER

 
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- K.k (chant)
- Harun (guitare)
- Nico (guitare)
- Ludo (basse)
- Sylvain (batterie)


1. Moonshine Limbo
2. Damballa's Voodoo Doll
3. Possessed By The Nightlife
4. Guédé Juice
5. Fire On Skin
6. Blowjob On The Rocks



             



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