Démarré avec "Alchemik Clockwork Of Disorder", la trilogie musicale de TREPALIUM s'achève avec "H.N.P", qui fait suite à "XIII", aboutissement de leur style si original et personnel. Un triptyque intéressant, qui mettait en scène le personnage XIII, mort dans la seconde partie, et dont "H.N.P" se fait l'épitaphe, comme une sorte de résurrection de son image, de son héritage. Pourtant, si ce nouvel album suit le cheminement narratif de ses prédécesseurs, il ne suit pas toutes les lignes directrices fondées jusque là, notamment dans la musique, qui se fait plus directe, plus frontale, et risque de déranger les fans.

"H.N.P" pour Heic Noenum Pax, à comprendre comme l'annonce d'une paix mensongère, suite à la mort de XIII, qui laisse derrière lui de nouveaux adeptes. Episode-conclusion, H.N.P est servi par un visuel intéressant, à défaut d'être particulièrement beau et original. Dans un esprit religieux obscur, celui-ci annonce une possible couleur de l'album, celle du mystère, du glauque et de la mort. Une impression que la musique confirme en partie, les morceaux étant parfois emplis d'une atmosphère inquiétante, qui était déjà présente chez TREPALIUM mais vient ici trouver davantage d'intérêt, soutenue par l'apparition de davantage de soli par exemple, souvent bien barrés et vertigineux comme celui de "Slave New World". Cette nouveauté dans la musique des français se conjugue malheureusement à une Powerisation de leur jeu. Rythmes binaires, groove moins prononcé et structures moins alambiquées font de H.N.P un album très différent de ses prédécesseurs.

C'est le constat que l'on fait à l'écoute de "Prescription Of Crisis", simple et rentre-dedans, même si son ambiance s'avère glauque avec des samples bien placés. Au même titre, "Insane Architect" assène une rythmique simpliste, heureusement ponctuée de quelques trouvailles très sympathiques, notamment au niveau du chant et des effets de guitare, assez Rock 70's grâce à la wah-wah, pas mal utilisée dans l'album (le solo est également Rock'n'roll). De quoi relever la mayonnaise, parfois un peu fade, de leurs compositions, même si l'on retrouve d'excellents titres, comme "Let The Clown Rise", beaucoup plus tordue dans ses mélodies et sa structure, et qui rappelle la force de frappe de "XIII" avec un chant notamment plus fun de la part de K.K. Ce dernier ose tenter des variantes, s'écartant du Death des débuts pour tendre vers un chant personnel, bien granuleux et Rock, qui rappelle celui de Yann Ligner dans KLONE, en bien plus gras, presque proche d'un chanteur de Stoner (sur le superbe "Order The Labyrinth" notamment).

De quoi pimenter la musique de TREPALIUM qui perd malheureusement en originalité dans ce "H.N.P". Exit les parties de Jazz manouche au feeling parfait aperçues sur "XIII" dans "Addicted To Oblivion", exit la brutalité outrancière de "Alchemik Clockwork Of Disorder", le TREPALIUM nouveau est moins Death-Groove, et davantage porté sur l'ambiance, parfois bien sombre, en témoigne l'excellent titre éponyme, qui ouvre très bien l'album avec son côté Prog intéressant - mais dont les couleurs rappellent un peu trop "Daddy's Happy" - ou "Order The Labyrinth". Bien sûr, TREPALIUM garde son identité et une partie de son groove, il n'est pas question ici d'un changement hyper-radical, et l'on retrouve des riffs excellents qui rappellent le côté foutraque de leur jeu comme celui qui ouvre "Prescription Of Crisis" ou celui, plus dansant, de "I Was", plutôt étrange pour du TREPALIUM ; mais on reste loin de la folie qui animait un "Blink Of Time" sur "XIII" ou "Decayed Emotion" sur "Alchemik Clockwork Of Disorder". TREPALIUM devient sage, propre, à l'image de la production, plus lisse, moins sale, et qui, en toute subjectivité, paraît plus fade que XIII qui était plus organique et plus vivant. Dans cette logique, "H.N.P" apparaît donc comme un album très précis, qui se veut trop parfait, mais s'éloigne du caractère instinctif qui habitait leur musique dans leurs précédents albums et dont l'aspect défouloir faisait toute la puissance.


Plus efficace, plus accessible, le Metal de TREPALIUM perd de sa force dérangeante et de sa puissance groovy pour se standardiser quelque peu, en risquant de se mêler un peu plus dans la masse, alors qu'il était si borderline auparavant. Pourtant, "H.N.P" présente de bons morceaux, avec des idées d'atmosphères plus travaillées, des soli bien barrés et un chant beaucoup plus recherché, mais il perd en brutalité et en bordel auditif. Un parti pris curieux, qui s'éloigne pas mal de la direction prise par "XIII". Ce n'est cependant pas un quelconque éloignement de cette ligne qui est à blâmer, mais plutôt le fait que les français semblent être moins inspirés dans leur jeu. Il est aussi dommage que ce qui fait la force de "H.N.P" ne soit pas davantage poussé, comme ces ambiances mystérieuses, et que TREPALIUM se repose finalement sur ses lauriers, allant jusqu'à faire une reprise sympathique de "I'm Broken" de PANTERA - clairement l'inspiration de cet album -, avec en featuring le chanteur de SINSCALE - désormais dans HACRIDE - mais qui ne témoigne pas d'une prise de risque, là où KLONE avait osé le pari en reprenant BJÖRK. On pouvait de ce fait attendre beaucoup d'une reprise d'un style externe au Metal par TREPALIUM. Une grande déception donc, et c'est le cœur d'un fan de la première heure qui parle, avec ce qu'il a de ressenti personnel et de réflexions objectives. Le mieux reste d'écouter bien sûr, mais "H.N.P" risque bien de diviser.