Voici le deuxième album des fils spirituels de MOTÖRHEAD, les teigneux angliches de TANK. Certes ce n'est pas de la musique pour grand-mères mais il y a du sang de la sueur et des larmes à revendre dans l'histoire et les compositions du leader Algy Ward, un mec charismatique comme il en existe peu. J'ai toujours trouvé qu'Algy avait de la classe, un look terrible qui mixait les meilleurs éléments du Metal et du Punk, une pointure ! 1982, "Power Of The Hunter" est fort attendu par des cohortes de fans qui louent l'esprit sans concession du trio avec beaucoup de constance ! Je m'en souviens fort bien, j'en ai fait partie ! Dire que c'est le producteur des albums de POLICE, Nigel Gray, qui va produire la galette... On est loin des jolis sons esthétiques.

Le titre éponyme "Power Of The Hunter" sera un des hymnes composées par Algy. un révélateur symbole des compositions du char blindé, c'est du "true" par toutes les pores, je n'en démordrai jamais ! On continue avec les quelques faiblesses de la voix d'Algy sur "Pure Hatred", le titre le plus faible de l'album, quelques approximations moins les borborygmes Lemmyesques, ça le fait moins. Il est beaucoup plus à l'aise sur un répertoire très typiquement Hard Rock comme sur la dégueulasse "Biting And Scratching" ou sa morgue et sa gouaille transparaissent tout naturellement.
cela ne l'empêche nullement de chanter fort bien, on se souvient ainsi du refrain imparable du titre d'ouverture "Walking Barefoot Over Glass", si c'est pas un titre à l'esprit Punk ça ! "Some Came Running" et sa rythmique à l'envers posent les fondations des futurs mouvements Fusion/Crossover. Ce n'est peut-être pas si évident à la première écoute, mais il y a de tout dans cette guitare bourdonnante... Du Metal, du Funk et du Punk.

Et puis nous avons du supra classique dans cette galette les gars ! Écoutez donc "T.A.N.K." l'instrumental fou, prenez le mors de votre cheval entre les dents, lâchez le volant de votre bagnole, courrez sur la tête, explosez-vous les dents sur le crâne de votre collègue de pogo. Un véritable hymne qui prend en live toute sa dimension, voyez plutôt le grésillement intense de la basse d'Algy qui y refuse la prédominance de la guitare, comme un troupeau de brontosaures en train de charger vers la mort. Bouraroum ! La classe... Ouais c'est sûr ; c'est pas du DREAM THEATER, d'autant que la basse poursuit sa quête d'invincibilité sur "Used Leather", un autre hymne mi-Punky mi-Metal, on ne sait plus mais peu importe, ça déchire sa race !

La reprise loufoque des OSMOND sur l'hilarante "Crazy Horses" ne fera rien pour améliorer la maîtrise technique de nos soudards du Speed Metal, mais en revanche, on est sûr et certain que ces mecs savent tenir proprement un formidable de binouze à 6 heures du mat' et que le p'tit déj' vodka/croissant est fait pour eux ! D'ailleurs dans le trip amérindien, la rythmique de "Set Your Back On Fire" semble taillée pour les BLACKFOOT, magnifique ! Si vous n'avez pas envie de vous briser les cervicales sur ce truc de déjanté, c'est que vous êtes taillé pour la variété et devriez envisager le métier de fleuriste pour grand-mères. Et comme on est dans un trip peaux-rouges ça tombe bien, car "Red Skull Rock" et son ambiance tirée des premières œuvres de la tête à moteur va vous prendre à la gorge.

Un instantané de violence propre à ses folles années. Voilà ce qu'est le pouvoir du chasseur. Algy est un prédateur, un vrai, aucun doute là-dessus, incorruptible et entier. Il n'y en a pas tant que cela. C'est bien pour ça que malgré une production qui pue des pieds, l'opus est un classique.