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1968 Steppenwolf

STEPPENWOLF - Steppenwolf (1968)
Par BAAZBAAZ le 3 Septembre 2012          Consultée 7882 fois

Autant aller à l’essentiel : oui, ce premier album de STEPPENWOLF, qui sort en janvier 1968, est celui où figure "Born To Be Wild", sorte de chanson-monument devenue un incontournable de la culture de tout hard-rocker qui se respecte. Hymne à la liberté vaguement anarchiste, ode aux grands espaces américains et symbole de la contre-culture contestataire de son époque, c’est devenu avec le temps un monstre sacré un peu agaçant. Évidemment, la réputation de la bête est pleinement justifiée : riff incisif, orgue vicieux, changements de rythme maléfiques et refrain planant… Tout ici est parfait. Mais l’on peut aussi comprendre la réticence de certains à l’idée de l'écouter pour la millionième fois. En jargon musical, c’est une merveilleuse scie.

Dès lors la question cruciale est : que vaut l’album si on lui ôte cette chanson ? Qu’en aurait retenu le monde si Mars Bonfire n’avait pas légué ce brûlot phénoménal à un groupe qu’il allait bientôt quitter ? Le débat est d’importance. Après tout, certains disques célèbres tiennent encore à peu près debout même si on leur enlève l’essentiel aux yeux du grand public. Le deuxième BLACK SABBATH conserve grosso modo sa dignité sans "Paranoid" et "Led Zeppelin IV" reste potable même sans son "Escalier vers le paradis". Moins célébré par la postérité, le premier STEPPENWOLF passe-t-il aussi bien le test ?

A vrai dire, la réponse est oui. Le contenu de cet album est suffisamment puissant, varié et bien fichu pour mériter qu’on s’y intéresse par-delà "Born To Be Wild". Il faut dire qu’il s’agit d’une des pierres angulaires du Hard Rock tel qu’il naît à la fin des années 60. Alors même que CREAM et HENDRIX sont en train d’inventer le genre en radicalisant le British blues et en lui ajoutant un bonne dose de psychédélisme, STEPPENWOLF pose les fondations d’une musique encore plus rugueuse, plus carrée, amenée à devenir la frange dure de ce qu’on appellera bientôt le Boogie, et dont les HUMBLE PIE seront plus tard les rois absolus.

Basé à San Francisco bien que d’origine canadienne, le groupe n’est d’ailleurs pas tant influencé par la scène psyché locale (contrairement aux BLUE CHEER) que par des sonorités garage plus sèches. Si les BYRDS ne sont jamais loin – cela s’entend mieux sur les disques solo de Bonfire –, c’est dans une version hautement agressive et épurée de toute expérimentation. Enregistré fin 1967, le premier album de STEPPENWOLF est ainsi une étape essentielle dans la genèse d’un son nouveau, déjà inventé depuis plusieurs années des deux côtés de l’Atlantique (par les KINKS de "You Really Got Me" et les SONICS de "Louie Louie") mais dont ils systématisent alors la formule.

Comme il se doit à l’époque, l’album contient son lot de reprises que STEPPENWOLF s’échine à brusquer, à électrifier et à passer à la moulinette hard rock. Par deux fois, le groupe tape dans le mille : "Sookie Sookie" est une gifle R&B écrite par DON COVAY, tandis que "The Pusher" (de HOYT HAXTON) est un Blues Rock rampant et menaçant magnifié par la voix pleine de rocaille de John Kay. A l’inverse, le "Hoochie Coochie Man" de WILLIE DIXON n’est pas ici d’un grand intérêt, si ce n’est pour rappeler tout ce que cette musique-là devait aux bluesmen de Chicago qui avaient déjà tant influencé les Anglais.

Mais surtout, Kay se révèle être un songwriter talentueux. En plus d’incarner le frontman idéal, avec un mélange unique d’agressivité et de nonchalance frimeuse, il compose une grande partie de l’album, dont quelques réussites franchement incontournables. Que ce soit dans un registre soul poignant ("Desperation"), avec un Boogie sournois et dansant ("Your Wall's Too High") ou un Hard Rock quasi-épique ("The Ostrich"), il parvient presque à se hisser à la hauteur de Bonfire. Sans oublier le coup de génie consistant à conserver sur le disque un vestige du passé : "A Girl I New", totalement incongrue mais délicieuse, située au carrefour de la pop baroque anglaise et du garage, renvoie à l’époque où STEPPENWOLF s’appelait encore THE SPARROWS et n’avait pas pleinement trouvé sa signature sonore.

Si l’on ferme les yeux sur quelques accidents ("Berry Rides Again" est médiocre), il y a ici tous les ingrédients d’un vrai classique qui ne saurait être réduit à "Born To Be Wild". C’est bien sûr grâce à cette chanson que le disque connaît très vite le succès et se vend comme des petits pains (sans attendre, comme on le croit parfois, la sortie du film "Easy Rider" en 1969). Mais un classique ne se résume pas à un seul hit et se définit par sa consistance, par la solidité de son contenu. Ou, tout simplement, par de bonnes chansons. Or, des bonnes chansons, ce premier STEPPENWOLF – qui est aussi le meilleur du groupe – en contient un sacré paquet.

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   (2 chroniques)



- John Kay (chant)
- Michael Monarch (guitare)
- Rushton Moreve (basse)
- Goldy Mcjohn (piano, orgue hammond)
- Jerry Edmonton (batterie)


1. Sookie Sookie
2. Everybody's Next One
3. Berry Rides Again
4. Hoochie Coochie Man
5. Born To Be Wild
6. Your Wall's Too High
7. Desperation
8. The Pusher
9. A Girl I Knew
10. Take What You Need
11. The Ostrich



             



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