Parler de CROWBAR m'apparaît depuis la découverte de leurs albums comme une tâche peu aisée. En effet, bien que leur premier album "Obedience Thru Suffering" (dont je vais vous parler, si c'est pas bien foutu ça !) soit sorti en 1991, i.e deux ans après le premier MELVINS, les pieds de biche ("crowbar" en anglais) sont encore aujourd'hui en "marge" de la scène.

CROWBAR c'est un peu le Sludge brut de décoffrage. Vous voyez Kirk Windstein, chanteur et guitariste de la formation ? Bah CROWBAR c'est lui (et ses 100kg) dans un marécage en train de beugler car il avance pas assez vite et de se lamenter sur son triste sort. La voix de Windstein est d'ailleurs assez atypique comme un mélange de désespoir et de colère, le tout dans un timbre d'ours pas très bien réveillé, tout en cherchant, cela dit, à garder un certain feeling et un côté "chanté" et non "hurlé". Il faut bien avouer que ça dénote pas mal avec les autres voix du genre et il faudra plus ou moins de temps pour s'y faire.

Chez CROWBAR tous les instruments ont leur place : une guitare lourde et efficace pouvant nous charmer par ses leads (comme sur la faussement calme "A Breed Apart") côtoie une batterie affirmée et martelée efficacement et une basse bondissante ("I Despise" quand même). Basse qui joue un rôle assez important dans la musique des Louisianais afin d'asseoir le côté désespéré des compositions à un point si avancé qu'il serait tentant de qualifier leur Sludge de "mélancolique" voir "dépressif". Deux étiquettes pas si farfelues que ça quand on lit des titres tels que "Waiting in Silence", "My Agony" ou encore "4 Walls". Attention toutefois au tournant car les jeunes gens savent aussi se faire rentre dedans ("Pied de Biche" c'est pas pour rien merde !), j'en tiens pour preuve le morceau bulldozer (tout est relatif) "Vacuum".

CROWBAR, contrairement à bon nombre de ses compagnons de genre, a laissé les larsens et les passages Hardcore speedés de côté afin de se concentrer sur le feeling bien particulier de ses riffs répétitifs. Au final le groupe nous offre un "Obedience Thru Suffering" convenable. Il ne pète pas la baraque, certes, ni ne vous décrochera la mâchoire mais il se laisse écouter et contient son lot de bons moments tels que la rythmique très appréciable de "4 Walls", suivi de l'énorme "Subversion" sorte de EYEHATEGOD avant l'heure (C'est marrant de dire ça quand on sait que le batteur originel de la formation : Jimmy Bower, sera gratteux chez EHG).

Servi par une production assez rêche, CROWBAR, avec son premier album, assied un Sludge brute sans jamais lasser son auditoire. Cela dit il faudra attendre un an pour que tout le potentiel du groupe fasse surface. Allez patience !


Take Me. Feel My Pain. Feel Me. Take My Pain.