HELHEIM n'est pas le genre de groupe tombé de la dernière pluie, résultant d'un phénomène de clonage incessant suite à la percée d'un nouveau style "à la mode"...
Non, bien au contraire, et penser cela serait faire à la fois honte aux mordus du groupe mais au genre BM tout entier également... Tout simplement car ce combo norvégien existe depuis 1992 ! Et si vous comptez bien sur vos petits doigts, alors vous venez de vous rendre compte que l'on cause ici même d'une formation qui va fêter ses 20 ans d'existence ! Eh oui, le Black Metal commence à prendre de l'âge.
Pour preuve, cette année voit arriver le 7ème effort de HELHEIM.

Une chose est sûre, HELHEIM ne fait pas dans la simplicité. Non pas qu'il s'agisse ici de musique torturée, complexe ou délicate (entendez difficile d'accès) mais plutôt que "l’œuvre" est à la fois très hétérogène et dense.
Pour ce qui est de la "catégorisation", on est ici en plein Pagan/Black Metal. Hop, une étiquette mise en place... "Paganisme et résistance" : voilà le programme VF de "Heidindomr Ok Motgangr" ! En effet, tout un programme !
Mais rapidement, on est surpris : dès "Viten Og Mot (sindighet)", on prend une intro typée CELTIC FROST, avant la décharge frénétique d'un BM habité et crasseux à souhait pouvant rappeler par certains plans des combos tels que SHINING. Les guitares lead font sensation dès cette première track avant un final doomesque/habité/hystérique (comprendra qui écoutera !).
Quand Hoest (TAAKE) entre en scène pour poser sa voix sur "Dualitet Og Ulver", on est proche d'un Hard Rock BM avec une batterie particulièrement mise en avant. Une totale réussite dans le genre tellement le titre est... entraînant ! Avec un final dantesque durant lequel les guitares sont une nouvelles fois au rendez-vous : son "aux p'tits oignons" mettant en valeur le chant habité et particulièrement à propos.

Et tout s'enchaîne : des aspects Pagan indéniables, des soli Heavy Thrash, une batterie épileptique, des riffs Black à souhait… avec "Madr" ou "Viten Og Mot (Arvakenhet)" qui vont alterner un peu tout cela dans des compositions tournant autour des 6 minutes en moyenne.
L'énergie retombe malheureusement sur des compositions moins inspirées ("Viten Og Mot (Stotlthet)") car plus lancinantes et trop quelconques dans leur construction ou peu utiles (comme cette dernière piste ambiancée...) mais permet également de prendre un peu son souffle comme la torturée "Element" au cours de laquelle les guitares font encore la part belle aux plans aériens et mélodieux typés Thrash. La présence d'un chant clair offre également au final un propos plus "touchant".
Cet aspect mid-tempo n'est pas à négliger et donne une densité au son du groupe.

HELHEIM est un groupe mûr et mature, c'est à n'en point douter. Il nous fait la preuve ici que, fort de son expérience, il assure au rayon Black Metal ("Nauor") mais qu'il ne se contente pas de reproduire à l'infini les poncifs du genre : nos Suédois savent aérer leur jeu voire même parfois le ralentir. Cette donne a malheureusement les inconvénients de ses avantages, à savoir que l'ensemble au final semble parfois manquer de peps, de pêche et de tonus. Les nombreuses ruptures du rythme pourraient en saouler certains, à tort.
Car c'est bien la qualité globale du disque qu'il faudra ici retenir : un mix haut de gamme du talent des différents zicos à leur poste (guitares et batterie en avant) couplé à une production sans faille.

Au rayon BM, HELHEIM nous propose en 2011 un moment moins "trve" mais plus chiadé. Le genre de bon moment qu'il ne faut pas négliger pour savourer les expérimentations d'un genre franchement beaucoup trop caricaturé (notamment à base de panda...). Ici, on parle de bon BM.

Note réelle : 3,5/5.