FALKENBACH est l’un des seuls groupes qu’il nous reste de la première vague Viking Metal du milieu des années 90, comme les BATHORY, EINHERJER, MITHOTYN et autres ENSLAVED ont splitté, trouvé une fin plus tragique ou changé de direction. Vratyas Vakyas n’a peut-être que cinq albums à son actif, mais il a bâti une forteresse solide, et "Tiuarida", avec sa nouvelle armée de riffs héroïques et de mélodies folkisantes, ses nappes de claviers toujours rêveurs, ne nous prouvera pas le contraire.

FALKENBACH, après de longues années d’existence et avec son rythme de composition toujours aussi pépère, continue avec une formule quasi inchangée depuis ses débuts, avec cette même magie qui respire le passé proche d’un genre qui a aujourd’hui pleinement pris son envol. Vratyas compose avec le même savoir-faire, la main sur le cœur et le vent en poupe. Peut-être seule la perception de l’auditeur actuel pourra trouver la recette un peu kitsch, un peu vieillie, surtout lorsqu’on considère que FALKENBACH travaille toujours principalement sur synthé, et que la linéarité, l’homogénéité maximum reste son principal outil (plus que jamais sur "Tiurida") – un vrai problème dans une époque où le goût est au changement de tempo, de style et d’ambiance à tout bout-de-champ.

Ainsi, on se laissera porter par un "Where His Ravens Fly" au riff héroïque, un "Runes Shall You Know" avec cette mélodie acoustique, son chœur mélancolique qui sentent le bon, le vrai FALKENBACH à plein nez et donne envie de prendre le large vers le Nord… mais ne nous rappelle-t-il pas d’un peu trop près le "Farewell" qui terminait "Ok Nefna Tysvar Ty" ? La partie acoustique de "Sunnavend" nous rappelle également le thème de "Greensleeves", d’une bien belle manière par ailleurs… mais malheureusement, la composition ne tenant que sur cette seule et unique mélodie, Vratyas semble vite à court d’idées.

FALKENBACH ne parvient plus vraiment à me satisfaire entièrement. Si les mélodies restent belles, l’ambiance toujours aussi personnelle, j’ai du mal à passer la quatrième minute de chaque compo sans avoir envie de passer à la suivante. Vratyas oublie le plus énergique "Heralding The Fireblade", et c’est un peu dommage. Il oublie également d’écrire des chants clairs qui sortent parfois du terrain balisé au préalable par ses claviers, oublie de leur conférer un véritable entrain, et par ailleurs mélange rarement son chant black et son chant clair. Rares sont les variations, les breaks ou les envolées lyriques dans ce voyage émouvant mais rarement étonnant.

Recette éculée ou simple ennui de l’auditeur (en l’occurrence, moi) ? J’aurais tendance à penser que c’est un peu de l’un et de l’autre. FALKENBACH trouve aujourd’hui une suite logique à "Ok Nefna Tysvar Ty", mais s’avère peut-être un peu léger dans ses compositions, se satisfaisant d’idées de bases plutôt bonnes mais qui auraient mérité un développement plus poussé. Et je ne parle pas de ‘développement poussé’ à la MOONSORROW, mais plutôt de morceaux comme "Heralder" dans "Heralding The Fireblade", où les quelques changements de mélodie on ne peut mieux choisis avaient un effet orgasmique pour l’auditeur, où chaque minute peaufinait un peu le morceau. Tous les morceaux de "Tiurida" commencent en A, finissent en A, avec quelques micro-changements ici et là, mais guère plus.

Le vrai problème de FALKENBACH, c’est qu’il donne, même dans ses derniers efforts, l’impression de déjà appartenir au passé, et n’agit pas en conséquence pour nous enlever cette impression.
Certes, il fait bon retrouver ce passé-là, l’espace d’un album, mais la perspective d’attendre encore cinq ans peut se révéler bien frustrante. Mais comme a dit un chic type sur la toile "I suppose at the end of the day, it’s better to have some Falkenbach rather than no Falkenbach".