Dans l'épisode précédent, nous avons pu prendre contact avec le monde dévasté de Psykron. Une bien belle mise en place quoique mitigée, mais c'est avant tout pour nous présenter le théâtre des événements de grande ampleur à venir. Et ces événements, ils prennent corps ici. La putain d'intelligence artificielle dont il était question n'est pas morte, et maintenant, elle a de sales idées. Elle se rend compte qu'elle peut posséder les humains, et qu'elle n'a d'autre choix que de les détruire par tous les moyens en sa possession. Mais les humanoïdes commencent de leur côté à flairer le proche danger... Monde de merde que je vous dis...

"Fazium One" était sympathique mais loin de faire partie de mes albums de chevet. Et bien qu'il soit sous-titré Fazium Two, ce "Dekta Release" tranche assez franchement avec son prédécesseur. Je parlais il y a peu de brouillon. Cet album dekta (?) montre en effet une hausse qualitative absolument impressionnante depuis l'effort studio précédent. Un poil moins immédiat, l'album est plus sombre, plus efficace, dispose d'ambiances plus fortes, de voix améliorées et d'un travail encore plus important sur tous les points imaginables touchant à la richesse sonore. DIVISION ALPHA gagne en assurance et ose enfin aller plus loin.

On coupe ici définitivement les ponts avec toute forme de guignol antéchrist ou culturiste allemand, les comparaisons avec des groupes se feront plutôt dans des contrées d'accouplement contre-nature des côtés les plus mécaniques et extra-terrestres de SUP avec les aspérités de NIN et l'ambiance inquiétante des facettes mélodiques de GODFLESH. Mais ne prenez pas ces comparaisons pour argent comptant, sachant qu'il s'agit plus d'un name-dropping accrocheur qu'autre chose. Dès les premières notes de "No Answ°r" (c'est quoi leur délire de -ER ronds ?) on sent une différence de taille. Toujours catchy mais structurellement bien plus élaboré, tout en étant doté d'une atmosphère inquiétante et d'une production scintillante comme le papier glacé du livret. Le fourmillement de sons électroniques est des plus plaisants, le chant se fait plus polymorphe et mets de côté les effets à tout-va. Maintenant ils s'y mettent à deux et livrent une performance jouissive, alliant la voix douce de l'un aux déferlements plus rocailleux de l'autre, entre agressivité et hypnose, les filtres se faisant plus occasionnels.

Donc, c'est du tout mieux dans la forme. Yeah. Et maintenant, les compos donnent quoi ?
Eh ben, la fichue linéarité a foutu le camp. Déjà, putain, les trois premiers morceaux en imposent. Donc je parlais du très efficace opener, l'enchaînement avec "Instancy Of A Total Amnesia" fait également du bien là où il fait mal. Ambiance plus plombée, hachée, terrifiante. On s'attache ici autant aux pauvres humains qui flairent le danger imminent qu'à l'entité artificielle émergente et machiavélique. D'où une certaine dualité, entre ravages psychologiques frontaux et oppression totale. "The Wasp" par exemple, pièce des plus urgentes et rapides, tranche avec tout ce que le combo nous a proposé jusque là.
Mais cette fois, la ligne conductrice est affichée nettement et l'avancée de l'album le fait plonger de plus en plus profondément dans la schizophrénie pré-apocalyptique. L'air n'est à la base pas respirable, on finit par totalement étouffer et on termine l'écoute attentive en sueur.

Bien que l'album soit solidement charpenté, "Xp°rt Change" et "D°rmal Sore" constituent cependant le ventre mou, pas des plus marquants mais heureusement entrecoupés d'un "Neurosis Case 40" efficace. Mais c'est pour mieux nous préparer à une fin d'album qui nous ferait nous ouvrir le bide pour se planquer au fond de ses propres tripes afin d'échapper à la fureur cybernétique annoncée. "Regen°ration" fascine avec ses sortes de violons synthétisés et ses voix déchaînées laissant exprimer leur peur à plein poumons. Et c'est pour enchaîner sur une "Insipid Matt°r Of Fact" exceptionnelle, mettant tout l’électronique possible de son côté pour nous présenter une pièce torturée montant en puissance, avec son démarrage parlé paranoïaque qui monte jusqu'aux cris de détresse nous atteignant droit au cœur. Réussite.
On quitte nos petits Français peinturlurés de fluo sur une non moins bonne "Re-Regulate", dont les pitchs bourdonnants n'augurent rien de beau pour les habitants de Psykron...

Mais... mais... Pourquoi 3/5 alors ? Déjà c'est un 3,5. Non mais. Ensuite, c'est totalement sous-noté à titre indicatif. Tout bêtement. Juste pour mettre du relief.
Car, en plus d'être un excellent album d'électro-indus, "The Dekta Release" raconte la montée en puissance de ce qui est supposé devenir "Replika", le sommet discographique absolu avec lequel il faut néanmoins trancher.
Le Fazium Two est baigné dans des ténèbres artificielles tentaculaires, happant l'auditeur pour le traîner à l'autre bout de la galaxie aux confins des bunkers souterrains bientôt en flammes de Psykron. Mais si son cahier des charges est plus qu'honoré, il fait avant tout office de mise en condition pour se laisser emporter dans l'annihilation totale sans espoir représentée par l'album suivant.
Donc, une sortie brillante augurant du meilleur pour la suite. Et si cet album est une sacrée perle, ses deux successeurs sont, eux, dignes d'entrer dans la légende.

DZOING : Ténébreux, oppressant, réussi de bout en bout mais pas à l'égal de ses deux petits frères...

3,5/5.