Dans le milieu du Metal extrême effrayant, il n'existe pas pire que le Black ou le Death de groupes tels que PORTAL ou DE MAGIA VETERUM. La liste des assassins à capuche est évidemment plus exhaustive (surtout si vous avec suivi Guud et que vous connectez avec les saloperies barbares que je vous fais découvrir à l'occasion), mais on s'en fout. L'important est de retenir que peu importe le combo que vous écouterez dans ce style, rarement aurez-vous l'impression d'être en aussi grand délire.

"Migdal Bavel" était violent. "The Divine Antithesis" est brutalement déjanté. Pas du genre Death technique martial, dans le sens premier du terme « torture ». Ne vous laissez pas embobiner par cette pochette angélique avec ses couleurs chaudes, "M" (Mories de GNAW THEIR TONGUES) redouble d'efforts sur son troisième skeud et amène son Black ultra saturé, morbide et occulte dans la nef d'une église en feu. Ce que les spécialistes, dont je ne fais pas partie, appellent du Black noise ritual. Ah ben, ça me plaît ! Mettez votre cerveau à off, cette visite du paradis mettra votre raison à dure épreuve.

Comment dire… Comment peut-on préparer le commun des mortels à une séance de supplice ? Comment préparer un peuple à un tsunami archi meurtrier ? Impossible. Ça nous tombe dessus et puis c'est tout. Dès une écoute initiatique de DE MAGIA VETERUM, ÇA vous arrive : vous avez la trouille. Surtout dans le noir. Vous avez peur que la première et la dernière plage soient forgées du même métal et coulées dans le même moule. Car DE MAGIA VETERUM, c'est pas évident à se mettre sous la dent. Surtout si on écoute de l'extrême de temps à autres, pour se changer les idées. Et ce n'est pas une écoute de "Migdal Bavel" qui vous préparera à la débâcle surnaturelle (et parfois suraiguë!) de "The Divine Antithesis". Faites-moi confiance, j'ai essayé. J'ai même eu de la difficulté à les différencier…

Ce que j'ai remarqué m'a plu toutefois. Une certaine clarté dans la colère, toute subtile, une envie de greffer des mélodies et des aérations salvatrices dans ce goulag. Oui, de simples envies, qui arrivent à percer, à se faire entendre, pour mieux préparer la suite ? Je ne sais trop s'il y aura un futur à ce projet, mais impossible que "M" s'arrête, car il a trouvé le bon filon avec cette troisième mitraillade blasphématoire. Un peu de respiration, voilà ce qui manquait à "Migdal Bavel". Sauf que, le tableau est peut-être moins noir, n'empêche que la musique, elle, demeure complètement démoniaque. Essoufflante. De sorte qu'on ressort de cette séance de torture encore plus abruti qu'au début, même si "M" nous épargne souvent la répétition avec ses expérimentations.

La faute à cette maudite saturation dans le son, ce « bruit » (noise) que les apprentis prendront pour des erreurs techniques, alors que les adeptes de l'excessif y retrouveront la marque du Diable lui-même en oyant stoïquement, celui qui hurle et gronde derrière ce gros mur de grattes débiles et de batterie absolument indigeste. ÇA, c'est la source de la peur qu'inflige DE MAGIA VETERUM. Et c'est d'une redondance à se péter la tronche contre l'évier. Là où les esprits retords y trouveront leur compte est dans ces ambiances de fin du monde, où samples et guitare s'emballant, achèvent le peu de patience que nous pourrions avoir à consacrer à une musique si poisseuse.

Voir les chros de mon collègue Enlil pour de plus amples informations sur ce Black noise ritual, qui, je dois l'admettre, me met de bonne humeur. De toute manière, c'est souvent la même chose avec ce genre de truc ; on prend cela avec un grain de sel. Pour ne pas trop avoir peur de virer barjo.

Top : le travail du côté des guitares… Si vous êtes masochiste sur les bords, vous adorerez !