Amateurs de Black Noise, réjouissez-vous, les divines aventures de DE MAGIA VETERUM sont de retour pour un autre chapitre noir et décapant...

On pourrait arguer que Maurice De Jong (Mories) se fout de notre gueule avec ses disques de trente minutes qui se ressemblent tous, que ce soit avec sa création principale GNAW THEIR TONGUE ou MAGIA VETERUM, second violon d'une large disco vouée principalement au Black Noise. C'est vrai quoi, comment réussir à distinguer un tant soit peu de sang frais dans cette débâcle, à moins de se triturer les méninges jusqu'à oublier son adresse ?

Mories avait pourtant réussi à magnifier sa recette sur "The Divine Antithesis" : moins d'étouffement sonore, plus de clarté dans cette tempête Black, des voiles se détachaient de ce pavé aux montées en puissance ardemment blocables. On se disait que Mories voulait peut-être se rapprocher de la plèbe en tournant de quelques degrés le dos à sa fan-base empochée depuis longtemps. Un petit miracle quand on sait que DE MAGIA VETERUM tire son venin essentiellement de l'électro et de sa boîte à rythmes. Bref, comment humaniser un robot, dompter une bête d'acier et la rendre sympathique ?

"Naked Swords Into The Womb Of The Enemy" est à des miles du matériel brut que De Jong a pu exhiber à ses débuts et à des kilomètres de "Migdal Bavel", qui reluquait les ténèbres les plus horrifiques. DE MAGIA VETERUM serait-il rendu mature, dans un style où les artistes ne cherchent ni la gloire ni les salles pleines ? En tout cas, il n'a jamais été plus ouvert sur le monde. Que vous en soyez à votre premier tour de manège ou non en Black Noise, vous risquez d'être surpris...

Ce qui rend ce cinquième skeud du Néerlandais accessible et fort agréable est la place laissée au synthé, qui procure la plupart des éclats et des fameuses montées en puissance qui rendent cette musique si violente et bizarre à la fois. Qu'on la taxe d'expérimentale, de déjantée, de déprimante, d'agressante ou de complètement débile, cette musique ne laisse personne insensible. La preuve : on peut la vénérer ou la conspuer le temps d'un morceau. J'ose croire que "Naked Swords Into The Womb Of The Enemy" et ses magnifiques synthés évoquant un orgue d'église enflammé et ses effets reproduisant des massacres ou des chœurs angéliques écorchés, saura raviver la passion des mordus ou attiser la curiosité des extrêmes.

"Naked Swords Into The Womb Of The Enemy" s'écoute, vous l'aurez compris, d'une traite de 30 minutes et prend de l'aplomb avec les écoutes. Pas de décortication ou d'entracte, ni de podium, communiez avec ce Black aux résonances perfides et sinistres. Une trame sonore parfaite si vous avez l'imagination démoniaque, une toile de fond pour entrer dans un état second, un passeport pour un univers parallèle où Nietzsche lui-même aurait intérêt à assurer ses arrières ; il pourrait tomber sur plus vigoureux que lui...

Faites-moi confiance, DE MAGIA VETERUM a visé juste avec cette cuvée 2017 empoisonnée. C'est comme si on avait donné une seule chance à Mories de démontrer que lui aussi peut aspirer aux grands honneurs avec son sous-genre détruisant nos neurones avant de les réduire à une simple fumée.

3,5/5, arrondi au supérieur pour l'effort considérable au niveau du synthé et des effets malsains.

Indice de violence : 4/5. Le DE MAGIA VETERUM originel dégageait plus de méchanceté, mais pas plus de points au tableau principal...