Élégance d’une froideur presque tactile ! Musique d’atmosphère nébuleuse comme si vous traversiez une région marécageuse au petit matin avec un brouillard loin d’être délogé… Ambiance pratiquement spatiale dans le sens où nos sens se laissent transporter dans les airs avec un "je-ne-sais-quoi" qui les retient, l’instant d’une écoute.

Peut-on encore parler de Black à ce stade ? Mouais, à condition de rentrer dans la noirceur des ambiances glaciales, voire inhumaines. Sinon, décrivons ce "Dolorian" comme une pensée à part, qui ne ressemble à aucune autre et c’est là toute l’originalité du combo finlandais. Originalité également dans l’approche musicale avec une mise en avant des arpèges (corde par corde) plutôt que dans la complexité technique outrancière. Du coup, les ambiances sont en première ligne et ce qu’elles dégagent nous procure le plus souvent des frissons de malaise.
Attention, ce n’est en revanche pas une musique froide dans le sens mécanique et machinale, que nenni ! Nous sommes en permanence sous hypnose, hors de contrôle - si ce n’est celui des musiciens - notamment avec ses sonorités aériennes, intemporelles et planantes (quoique !) mais en tout cas expérimentales et atmosphériques en plein tel ce "Nails". Cette plage 5 est à mon avis plus une transition qui maintient leur univers mortuaire - et non mortifère ! - d’un seul tenant. Album conceptuel dans l’homogénéité des compositions. Pas une ne sort du lot et aucune ne dépareillent également…

Un autre élément à mettre en exergue est ce sentiment d’apesanteur, de vide, de néant et pourquoi pas, de douleur abyssales. Ok, j’improvise mais c’est juste pour insister sur ce ressenti tantôt désagréable, tantôt compréhensif mais jamais réconfortant. Alors, pourquoi aimer ce genre de musique, me demanderez-vous ? Parce que l’approche musicale en est inédite et au final, c’est une œuvre artistique bien plus puissante qu’il n’y parait - pourvu que vous permettiez à DOLORIAN de vous emmenez sur leur terrain…

La solitude, le point de non retour, ça va plus loin que le désespoir… Voilà où ce "Dolorian" va vous conduire. Pourtant, l’ennui est absent à son écoute. C’est surtout une impression sonore et tenace qui nous met en état de catatonie avancée. En fait, c’est une sorte de vision de l’au-delà. Oui, voilà, ce serait ce genre d’ambiance qui nous conduirait vers la Mort. Mais cela demeurera à jamais flou… comme leur art, y compris l’artwork vachement décalé, à nouveau mortel, désolé et foncièrement - expressément - nébuleux !

Exit donc la voix Black que nous retrouvions sur le premier album de DOLORIAN, "When All The Laughter Has Gone". Ce sont beaucoup de chuchotements, phrasés graves et fond musical - bien que constant - riche en changement pour un même sentiment d’absence de vie !

La recherche de l’ombre et des mondes parallèles ainsi que sur le questionnement de notre futile aventure sur Terre, un court instant insignifiant, ont l’air d’être l’essence intellectuelle de DOLORIAN : qu’est-ce qui fait que nous nous sentions la plupart du temps en situations douloureuses ? Le groupe tente d’apporter sa vision des choses et celle-ci me plait beaucoup, et vous ?