Mortellement glacial, terriblement inhumain…

Un mal être tel, qu’expulsé de la sorte, nous en venons à souffrir d’angoisse dès les premiers accords ! Lentes et sinueuses sont les mélodies hypnotiques qui nous sont crachées au faciès : A noter un super effet sur l’arpège d’entrée de "Desolated Colours" comme si la guitare se désaccordait - tout en restant proche de ce qui devrait être juste - (et à la fin de cette chanson, ce sera réellement le cas)… En peu de temps, le ton est donné !

Chant Black sur rythmiques "doomesques" - plutôt atmosphériques. C’est en fait le ton vocal qui alourdit l’atmosphère morbide qui émane de cet album. Tout ce qui découle de "When All The Laughter Has Gone" est inquiétant ; le réconfort n’arrivera jamais, nous en sommes quasi sûr ! Troublant aussi avec cette faculté de mise en place de passages aérés, lancinants et presque rassurants…

Cependant, malgré toute cette négativité exacerbée, nous ne pouvons nous empêcher de plonger dans ces eaux troubles, boueuses, lésées et "propre" à l’abandon. En terme d’image, j’y verrais bien une âme errant sur un champ de bataille où, seule, la Mort a gagné son lourd tribut. Elle en est repue et, l’instant d’un moment, vous lorgne, vous juge puis se désintéresse. Elle s’est laissée choir sur un tas de corps en contemplant son œuvre. Là, vous allez de vous-même à sa rencontre : "nez à os" ! Elle vous regarde mais vous fait signe de continuer à errer… Votre tour viendra plus tard ; là, Elle digère !

Effectivement, à l’écoute de cet artefact, nous nous sentons désespérément seuls. Isolés de toute chaleur humaine, nous devenons inconsolables (même la Grande Faucheuse vous nie) ! Ce n’est pas un voyage initiatique, bien que l’expérience sensorielle et sonore de l’album reste dérangeante (à tout le moins déroutante, voire déconcertante). Oui, c’est du jamais entendu et là, DOLORIAN fait fort. Une personnalité décalée, non-conforme donc intrigante.

Le titre éponyme ouvrira la voie qui sera dupliquée sur le deuxième album. Intro en arpèges, légèrement saturée dont les accords basculent d’une manière singulière : tout doit résonner comme si les musiciens étaient suspendus à une corde fragile... et déjà usée ! Ok, beaucoup de visuels dans mes propos mais, à moins que vous ne connaissiez déjà le sujet, donner vie à une musique singulière, c’est très difficile. Je n’arrive pas à vous aiguiller vers certains groupes auxquels nous pourrions nous référencer (ou alors, pour l’ensemble glauque et foncièrement underground de la Chose, zyeutez vers des projets tels que FLEURETY et autre SPEKTR : musicalement rien avoir mais en filigrane funéraire, ils correspondent) !!!

Je le redis, DOLORIAN est un groupe qui pousse à l’introspection. Qu’est-ce que l’existence et son fonctionnement ? Je ne m’y retrouve pas et toi ? Vraiment le groupe dont il faut se délecter, de préférence la nuit (moment - généralement ! - plus propice au calme) et, n’en déplaise (sorry, ami fidèle) en conduisant sur un long trajet…

Un peu long par moment, album unique et groupe à part, oserez-vous essayer l’expérience ?