Bonjour, dans la famille « on m’a oublié et c’est pas du juste », je demande DAWN et son second album "Slaughtersun (Crown Of The Triarchy)". Alors que la majorité bénissait Jon Nödtveidt et sa formation DISSECTION, DAWN sortait son premier album en 1994 dans l’indifférence générale : "Nær Solen Gar Nider For Evogher". On peut facilement déduire que le "Storm’s Of A Light Bane" a été pour eux une véritable révélation, mais il était difficile de concevoir qu’ils allaient sortir en 1998 (toujours dans l’indifférence générale), un petite perle de Black/Death mélodique : "Slaughtersun (Crown Of The Triarchy)". A cause du label (Necropolis records) qui ne pressait qu’à très peu d’exemplaires ses disques, voilà comment on termine dans les tréfonds de l’underground.

Et pourtant, "Slaughtersun" a tout d’un grand disque : la production, réalisée par Peter Tägtren, mise sur le tranchant des compositions, conférant une ambiance particulièrement bouillonnante et démente. Ca fuse de tous les côtés et pourtant tout est d’une précision extrême : les vocaux sont vociférés avec une hargne et une rapidité qui confère à l’insolence, les riffs fougueux s’enchaînent sans nous laisser une once de répit, et le batteur, quant à lui, semble rongé par la même démence tant son jeu est incisif et vif.
A l’écoute de ces 59 minutes, un souffle épique balaye toute forme de vie dans les environs pour ne laisser qu’un paysage désertique à la couleur rouge sang. Au milieu de ce vaste champ désolé, il ne reste plus que les membres du groupe, qui semblent tous guidés par une force aliénée pour produire un tel condensé de fureur. Pour autant, "Slaughtersun" ne nage pas en pleine terre cliché « noir, bouc, Satanas ». Il dépeint certes une forme de folie, mais il s’avère aussi mélodique et très hypnotisant. Bien qu’il soit difficile de résister à l’assaut des riffs ou des breaks assassins, il faut toutefois souligner la présence discrète des claviers, qui est le seul élément permettant de calmer la machine (ainsi que quelques passages acoustiques). Ici, point d’étalage façon pouet-pouet/fête de la bière, mais des touches légères qui assurent un véritable soutien dans les compositions sans les alourdir (vous pouvez remplacer clavier par après-shampoing et compositions par cheveux, ça marche aussi). Le résultat n’en est que plus ensorcelant et devrait convaincre n’importe quel amateur de Black Metal aux ambiances travaillées et aux compositions soignées.

Grâce à son exécution parfaite et à des compositions denses, "Slaughtersun" appartient à cette catégorie d’albums envoûtants qui font mouche à la première écoute. On ne peut que regretter une distribution lamentable qui le rend donc très difficile d’accès si on n’utilise pas les moyens illégaux. A cause de cela, "Slaughtersun" n’a jamais vraiment eu la reconnaissance de ses pairs et est resté confiné dans l’underground. Et quand on sait qu’un nombre incalculable de merdes Black ne cessent d’envahir l’underground, c’est d’autant plus rageant. "Slaughtersun" est un disque à la qualité rare… trop rare… Et c’est en cela qu’il est indispensable.