Au départ de DAWN il y eut Fredrik Söderberg, fin guitariste amoureux de Thrash et de Heavy, tombé en pâmoison pour le Death Metal, après une écoute du "None Shall Defy" de INFERNAL MÄJESTY, influence qu’il mettra en acte en créant de nouveaux titres plus rapides et malsains. Cherchant à s’entourer pour créer un nouveau groupe, Fredrik en 1990 rencontre enfin à la faveur de nombreuses recherches, des acolytes avec lesquels il créera DAWN.

S’en suivirent trois démos, dont l’une d’elle, "Apparitions", sous la houlette le Dan Swanö, forgera le son du groupe : mélange de Death et d’un proto-Black Mélodique. En accordant beaucoup d’importance à trouver son style DAWN travaillera dur pour que les guitares incisives ne ressemblent pas à celles du "Left And Path" de ENTOMBED qui avait pignon sur rue chez maints groupes et avait ouvert la voie du Death Metal dit « suédois ». Henke Forss, le chanteur par exemple a changé sa voix pour qu’elle puisse se discerner d’autres groupes de l’époque notamment EUCHARIST et SENTENCED, DAWN va aussi changer de look, de paroles, de logo et accorder ses guitares différemment. Tout ce travail va porter ses fruits et offrir au groupe l’occasion de créer librement des compositions qui vont lui permettre de signer chez l’excellent label en devenir Necropolis Records (ARCKANUM, NIFELHEIM, DEMONIC, BEHERIT, THE BLACK), leur permettant enfin de sortir un premier album fort prometteur : "Nær Sólen Gar Niþer For Evogher".

Et cet album sorti aux tout premiers jours de 1994, envoie un signal fort : le Black Mélodique c’est aussi eux. N’en déplaise à DISSECTION, SACRAMENTUM, CARDINAL SIN, NAGLFAR ou VINTERLAND, nos Suédois ont créé aussi les secousses qui vont ébranler la scène. Si l’on revient à cet album, la brutalité mélodique, les invectives de Henke Forss et la saillie des guitares apportent en effet ce vent nouveau d’un Black Metal mélodique au milieu d’une scène suédoise bien trop Death « Metallisée ». Et l’avalanche des riffs est la marque de fabrique de ce premier album de DAWN, et la production très nineties consacre bien évidemment cette aura géniale qui s’entend pleinement. "Diabolical Beauty", "Svarter Skinner Solen", ou bien encore "Eyesland", tirent leur épingle du jeu en proposant une fluidité des lignes de guitare superbe. La batterie légèrement mise en avant montre toute la technicité de son éminent batteur, qui pour l’anecdote sera recruté aussi chez FALCONER, MITHOTYN. La basse est étonnement audible et ne fait pas de la figuration, et s’en est très plaisant. Le chant de Henke Forss ne transcende pas la musique mais son jeu d’accompagnateur des riffs et des ambiances apporte une belle agressivité à des mélodies somme toutes assez mélancoliques.

Avant donc "Slaughtersun (Crown Of The Triarchy)" qui est considéré comme un album de référence auprès des adorateurs du Black Metal de la fin des années 90, il y eut donc cet album dont on perçoit assez nettement qu’il escamote les futurs plans de Fredrik Söderberg aboutissant à "Slaughtersun". Mais disons le tout de go, ce "Nær Sólen Gar Niþer For Evogher" joue à égal avec l’album suivant, sa variété et sa complexité technique en font un album qui aime se décanter dans le temps. DAWN est resté bien trop dans l’ombre pourtant et cet opus pour lequel je fais cette chronique est injustement méconnu. Il sera - je l’espère - une belle découverte pour vous, et si c’est le cas réhabilitez-le je vous prie !

Note réelle : 3,5/5.