J’aurais tendance à vouloir garder cet album secret, à apprécier le savoir encore dans l’ombre. Il est un de ces albums – désormais cultes – qui, au même titre que THY SERPENT, VINTERLAND ou bien encore SACRAMENTUM sont comme une part de mon intimité. Car cet ultime album de DAWN est remarquable. À quoi bon vouloir lui trouver des similarités avec DISSECTION & consorts quand de lui-même il s’élève en tous points pareils dans une grâce similaire et est accueilli à bras ouverts par la postérité.

"Slaughtersun (Crown Of The Triarchy)" est l’acmé discographique d’un groupe qui n’a cessé de travailler à sa construction, pour ériger à jamais cet album comme un phare de premier ordre, bravant les tempêtes du temps qui passe et fuit. Et la mélodicité de ce Black Metal suédois dans l’âme et le sang frappe et marque instantanément avec force et une complète congruence. Si la production de Tätgren fatigue parfois sur d’autres albums, elle trouve un écho favorable sur cet album de DAWN. Le combat de la lead guitare avec les intempéries de la guitare rythmique sont autant de ballets saisissants de beauté qui jamais ne s’estompent ni ne s’essoufflent. Accrocheurs et affirmés, les riffs communiquent directement avec nos émotions, savent faire danser les grondements et les vicissitudes de Henke Forss le chanteur, et peignent harmonieusement tant de paysages sonores que le jeu d’une batterie parfaitement inspirée soutient avec brio.

Sept titres mais une heure de génie, de liberté, de douceur agressive, de virtuosité. DAWN aura gagné à jamais les faveurs de tous les couchers de soleil. Sa pochette inoubliable nous rappellera qu’à l’évidence l’aube et le crépuscule se seront croisés majestueusement pour enfanter en ce temps-là un vertige total et saisissant, et une empreinte indélébile !