Les grecs de VARATHRON sont dotés d’une solide carrière et peuvent se prévaloir de faire partie de la vieille garde du Black Metal hellénique, lorsque notamment ils croisaient le fer en compagnie de ROTTING CHRIST et surtout de NECROMANTIA notamment avec ce split culte de 1992 : "The Everlasting Sins". Mais VARATHRON a creusé son sillon auprès de la frange extrême du public avec son fabuleux et très Black/Death "Walpurgisnacht" (1995) bien identifiable notamment au travers de sa pochette avec son bouc charismatique qui en aura émoustillé plus d’un. L’album fleure bon bien entendu le son des 90s mais conserve son intérêt avec ses riffs sombres et une ambiance éclairée sous la lampe des maléfices.

VARATHRON a toujours insufflé une bonne dose d’occultisme dans ses mélodies. Peut-être que leurs origines ont quelques peu réussi à déteindre dans leur univers sonore. Les riffs épiques, puissants, les vocaux très Death dans l’âme avec ce growl enténébré et caractéristique de Stephan Necroabyssious (seul rescapé du combo originel) et l’appui de claviers mystiques ont toujours concouru à produire cette aura originale assez éloignée des canons scandinaves. L’appui constant des inspirations Heavy Metal colore de manière très concrète les compositions du groupe. Si l’on revient à l’album qui occupe l’intérêt de cette chronique, les premiers instants du titre introducteur "Tenebrous" abonderaient dans cette idée. Les riffs sont certes solides et puissants mais aussi Thrashy à souhait et faciles d’écoute. VARATHRON dose sans ambage dans sa musique son amour invétéré pour les groupes de la première vague (BATHORY, CELTIC FROST, HELLHAMMER) avec leurs aspects guerriers et hargneux.

Si vous écoutez des titres tels que "Luciferian Mystical Awakening" ou "Ouroboros Dweller (The Dweller Of Barathrum)", ces aspects vous sauteront aux oreilles et ne feront qu’une bouchée de votre raison. L’ambiance générale est à la bataille et à sa mise en marche. Les guitares ne faisant que sonner le départ, les claviers entêtants porteront leur message pour galvaniser les troupes en les enivrant d’une mystique ordalique. D’une manière générale VARATHRON n’a non pas calmé ses ardeurs ni son jeu mais l’a développé de manière beaucoup moins brute et frontale au travers de cet album. Les séquences émotionnelles sont prégnantes et arborent des leads cristallins et des soli bien sentis. Je pense notamment à la belle pièce qu’est "Remnants Of The Dark Testament" lorsque je dis cela. Le travail est sublime et bien équilibré, tout est très bien mis en place et permet d’entreprendre un très beau voyage dans la pensée, sans avoir besoin de sentir l’agressivité monter à tout bout de champ.

Alors entre des pistes plus directes tels que "Orgasmic Nightmares Of The Arch Desecrator", d’autres plus Heavy Metallisées comme "Into The Absurd", et d’autres encore insufflées d’une bonne dose épique tels que "Luciferian Mystical Awakening", VARATHRON nous offre un choix pas dégueu du tout, le tout humblement honoré de leads bien sentis et superbement lumineux. L’apport adapté des claviers amène cette dose envoutante et majestueuse qui nous ramène immanquablement vers les atmosphères des 90S. VARATHRON nous offre donc après un album et un EP plus conventionnels et moins trépidants, "Untrodden Corridors of Hades"(2014) et "The Confessional Of The Black Penitents" (2015), un album riche, varié et réussi artistiquement et musicalement. Je sais que nous sommes plusieurs à la rédaction à apprécier VARATHRON, et ce "Patriarchs Of Evil" est un mets de choix dans la discographie des Grecs.