Riffs Thrash, voix Black et rythmiques mélodieuses pour la première partie. Résultat ? Tiercé gagnant ! Ok, c’est réducteur ; d’autant plus que plus les titres défilent et plus l’effet de ralentissement se fait sentir ainsi que l’apaisement dans les ambiances, en général.

Ce n’est pas vraiment un véritable album (du moins, en ce qui concerne la nouveauté, déjà à l’époque de sa sortie). En effet, "Lovecraftian Dark" reprend pas moins de six titres de leur démo "Wratchcast - Traintape 1666-2000" livrée en 2001(*). En revanche, cet album est considéré comme le véritable deuxième - sur les trois en tout et pour tout. Alors, en définitive, quoi de neuf dans le groupe de Jukka "Zaan Path" Juntunen ?

L’originalité de "Lovecraftian Dark", c’est de l’avoir chapitré en trois parts, quasi égales dans leur performance respective et, ce qui ne gâche rien, de bonne facture. Attention, moins nerveux que le jubilatoire "One Night In Carcosa". Comme toujours ou presque, l’effet de surprise s’étiole et le professionnalisme prend le pas. Et, dans ce cas-ci, c’est ennuyant…

Le premier chapitre "Throes Matrix" regroupe les cinq premières compositions. Thrash et méchamment boostées. Un véritable régal pour celles et ceux qui ont dans leurs conduits auditifs des résidus du premier album ! Le deuxième relais s’intitule "Themes Of Stifled Screams". Changements de rythmes et déviances vers le progressif, l’air de ne pas trop y toucher mais y allant franchement les deux pieds dedans tout de même ! En fait, décrivons ce chapitre comme transformant ses rythmiques lorgnant vers du Heavy/Thrash avec des structures de plus en plus planantes. Enfin, la troisième partie, "The Story Of Rose Haven", va définitivement lever le pied et nous surprendre avec un changement, non plus de riff, mais de style, carrément. Y a donc de quoi déboussoler et de ne pas plaire à tout le monde. A ce niveau-ci, je dis tant mieux ! Après tout, les musiciens créent et l’art se ressent ou non (arrêtons les contraintes des catégories, siouplait. Cependant, reconnaissons aussi que nous pourrions rester facilement sur notre fin si une audition distraite venait à éclore à notre première écoute également) !

Si la qualité sonore est impeccable et le rendu puissant, il manque le petit plus qui différencie un bon groupe d’un grand groupe. Ici, les tempos deviennent prévisibles, les structures ne nous émerveillent plus tant que ça et, si vous deviez découvrir DAWN OF RELIC, please, commencez par "Carcosa" ! Ce n’est pas que vous allez mourir d’ennui à son écoute - surtout si vous aimez le genre (voire que ce combo en particulier), mais, reconnaissons qu’avec la "foultitude" de sorties musicales au début des années 2000, y a de quoi s’émouvoir ailleurs… dommage.

Dommage parce que l’envie de vous faire découvrir, envers et contre tout, ce "Lovecraftian Dark" est malgré tout prégnant, en ce qui me concerne. Pourquoi ? Disons que les riffs pulsent avec précisions et sont tranchants (secs, rudes, crus) comme nous les affectionnons, cette batterie qui abuse de son jeu de double pédale sur sa grosse caisse - n’y voyez aucune métaphore sordide, y en a pas ! - est appétissant et que le chant est assurément prenant : quelle énergie dépensée pour nos esgourdes, waw ! Mais, à ma grande stupeur, cela ne fait pas de cet album un souvenir des plus grandioses qui soit. J’avoue l’écouter rarement… ce qui est bien car, à chaque écoute, je suis heureux. Comme quoi, médicamentons-nous selon nos goûts, n’est-ce-pas ? Bref, passer à côté de "Lovecraftian Dark" n’est pas inexcusable mais, pour tout amateur-archéologue-soiffard de l’histoire du Metal et de son Thrash/Black/Dark en particulier, bhein, jettez une oreille, sais-t-on jamais (gardez l’autre, y a d’autres groupes !) cela pourrait éventuellement vous plaire un temps soit peu.

Allez, la grosse surprise ? Chant clair du gaillard sur "It Dragged Her To Dark...". Là, nous touchons plus au mouvement gothico-dark (à l’improbable fusion entre un DARK TRANQUILLITY, période "Projector" (1999) pour le chant et d’un GREEN CARNATION, version "The Quit Offspring" (2005) en ce qui concernent les passages musicaux).

P.S. : Les fans de mélange Gothique (chant féminin des plus clairs) et énergiquement Black (surtout pour le final du morceau) raffoleront de "The Awakening".

(*) Masquarade / Scions / Wrathcast / Watchtower / The Awaking / The Wail.