Tuons le suspense : ce sont les gars d’EMPYRIUM !!! Bonsoir.

SUN OF THE SLEEPLESS en est son pendant musical. Là où EMPYRIUM s’épanche en magnificence dans la mélancolie avec délicatesse, sobriété et raffinement, SOTS (marrant, tiens !) est foncièrement plus rapide, plus Black mais tout aussi dépressif. Très froid alors que la pureté des mélodies résonnent : une sorte de CELESTIA en pleine grâce et délicate joliesse sonore ; bien moins morbide que triste, finalement… Ou encore un ULVER, version "Nattens Madrigal" en bien plus policé (audible, quoi !) - et dans les structures et dans le mixage - tout reste clair chez Markus et Thomas. Aucun plagiat n’est à déplorer cependant. Nous les en remercions !

Avec seulement trois titres - le tout faisant dans les 15 minutes et 13 secondes - nous pourrions penser à un E.P. anecdotique. Grave erreur ! L’essence même des musiciens sait se renouveler tout en gardant une ligne de conduite : « la fragile beauté musicale se doit d’être mise à l’honneur, toute tristesse gardée et amplifiée » !

Pas d’intro, un riff d’emblé accéléré et un chant écorché qui rend hommage à leurs homologues du Grand Nord norvégien. Oui, nos Germains ressentent les sensations hivernales (confer l’image à l’intérieur du livret… Ok, c’est du brouillard, mais l’effet est le même, nan ?). Bon. En tout cas, SUN OF THE SLEEPLESS se meut dans un profond respect des traditions d’origine : Black presque linéaire, rapide la plupart du temps - cela dit, pas mal de tempi s’épanchent sur ce petit bout de galette, l’air de rien - underground sans pour autant être crasseux. Là, je dis non ! Vous connaissez la classe des compositions de SECRETS OF THE MOON ? Hé bien, notre duo allemand l’a fait avant, en plus fluide évidemment… La référence directe à EMPYRIUM est ce minuscule passage (1’46’’) des plus atmosphériques - claviers et flûte, le tout dans la retenue - qui libère une certaine tension passionnelle et nous inonde de sentiments bouleversants. Caractéristique reconnaissable entre mille, surtout avec le phrasé typique à la EMPYRIUM ! Le final n’est est que plus imposant.

"Grimme Pain" se fige en deux temps. Le premier est blackeux, négatif et rentre-dedans. Sa suite calme les propos du 1er mouvement et change d’attitude ; en mode mid-tempo, les musiciens veulent nous apaiser un brin, nous dire qu’ils faut chercher des solutions ; le néant, sans être comblé, peut nous apporter une part de soulagement… Un combat intellectuel qui force l’admiration du pouvoir d’un même être en désaccord avec ses propres réflexions. A nouveau, l’introspection pointe le bout de son museau et l’effet sur nous est instantané. Quelle puissance que la Musique peut avoir sur nos comportements… SOTS, dans son genre, est aussi magnifique que EMPYRIUM (enchaînez, par exemple "A Wintersunset…" (1996) et ces poèmes couchés sur un lit musical des plus raffinés connus sous le nom de "Poems To The Wretches Hearts ". Vous m’en direz des nouvelles !).

Quant à "Nebelmond", le tempo ne variera pas mais les nuances progressives (dans le sens ou l’évolution artistique est en marche mais graduellement) vont redéfinir la chanson : d’extrême noirceur, elle s’adoucira par les mélopées bienfaitrices de la flûte !

Pour moi, ce n’est pas le côté sombre qui ressort chez SUN OF THE SLEEPLESS mais bien la mélancolie aussi dévastatrice que… Romantique ! Oui, une notion d’espérance est même envisageable à son écoute.

C’est dingue comme ces gars-là peuvent m’émouvoir. Et vous ?

P.S. : ils ont frôlé le 5/5...