L’autre jour dans la douche, je chantouillais un truc qui faisait du genre ‘please shoot me down before I kiss you…nananan…or I’m gonna miss yooooou’
Ce n’était pas du ABBA.
Ce n’était même pas de la variet', et c’était allemand.
Même pas NU PAGADI ou du LAFEE, ni rien d’autre qui soit radicalement sur la liste noire des chevelus teutons.

Pour son quatrième album, EISBRECHER vient tatiller notre vision de ce qu’est le vrai Metal indus, et d’ailleurs, depuis quand le Metal indus est-il une musique radicalement commerciale ? Avouez, on l’avait un peut vu venir. De la même manière, entre de l’EBM banal et de la trance commerciale il n’y a pas une enjambée de géant. De PAIN à HOCICO, la musique de club pour chevelus s’est gonflée les narines et a désormais un côté poseur parfois bien superficiel. Assez paradoxalement, pour qui ne la prend pas entièrement au sérieux, l’electro-dark (metal ou non) peut provoquer de grands moments d’extase.

"Eiszeit" n’est pas brillant, ça non.
Mais au moins, il nous confronte à ses contradictions avec un charisme particulier, nous balançant à la tronche une musique qui se veut virile. On aura donc le droit à des "Eiszeit" ou "Kein Wunder" qui nous proposent des envolées dignes de ce que RAMMSTEIN aurait dû faire plus souvent après "Mütter". A côté de ça, des trucs plus ‘boum boum’-electro de comptoir, avec "Supermodel" ou l’EBM-mement efficace et simplissime "Amok" (le remix est par contre, honteux). D’autres trucs plus rétro que la sexualité de Michel Drucker, comme "Seigne Deinenn Schmerz" ou "Kein Wunder", avec leurs percus DEPECHE MODE-ienne démodées et leurs claviers disco-kitsch.
Et puis évidemment, il y a cette emprunte NU PAGADI, poppeux à en mourir lorsque des demoiselles se pointent au chant, le "Bombe" et son troisième couplet de rock FM pour pouffe MTV, le fendard et entêtant "Gothkiller" (‘I don’t wanna miss youuhou’).

J’ai beau en dire du mal, alors que j’écris cette critique, mon petit popotin en calebard remue avec enthousiasme.
Bon, je crois que ma limite perso, c’est quand ça commence à faire ‘tic tac, klick klack’.

"Eiszeit", à quelques exceptions près, c'est du RAMMSTEIN de gay pride, et beaucoup de romance pseudo-dark de parades-nuptiales d’après minuit qui contraste de manière absurde avec une production bombée et bien chargée, la voix rauque et virile (et tellement banale dans le genre) de Alexx Wesselsky, qui devrait se racheter une originalité (sa manière de poser ses couplets parlés devient gonflante à force).
Les Allemands brassent pas mal d’influences et de références, remportant haut-la-main le prix de la grimace des Trve goth de la première heure, ceux qui ne se sont pas lavés depuis que Siouxsie leur a craché sur l’épaule droite, tout autant que le dédain de ceux qui auront suivi un groupe pourtant pas si allègre dans sa régression jusque là. D’un autre côté, il récoltera les fruits de la non-colère des corbeaux en latex et plastokk, qui, ici au moins, en ont pour leurs oreilles. Après tout, même le RAMMSTEIN commercial est devenu inintéressant, et il leur fallait bien le chaînon manquant pour commencer à écouter LAFEE.

Ce ‘easy-listening’ est plus agréable que dérangeant, mais faisons tout de même appel à notre second degré pour éviter la confusion totale.