Le Black Atmo, surtout celui du projet solo de l'Australien Dis Pater, MIDNIGHT ODYSSEY, est un style très personnel. On adhère ou pas. Rares sont les groupes, même ce satané SUMMONING que tout le monde loue, qui peuvent se targuer d'être fédérateur. Le Black Atmo n'est pas populaire, il est introspectif. Le brumeux et céleste "Firmament" est un autre bon exemple.

Cet album est en fait la refonte presque intégrale de la démo du même nom sortie l'an dernier. Quelques retouches ici et là, nouvelle pochette, rien de plus. De toute façon, avec plus de 65 minutes de musique pour une démo…

"Firmament" vous fera évidemment planer, voilà son principal objectif. Au clair de lune la majorité du temps ; cette pochette un brin rêveuse à la pénombre bleutée sied à merveille. Pater n'a pas son pareil pour créer des atmosphères aériennes près du recueillement, en maniant habilement les claviers et samples. MIDNIGHT ODYSSEY est porteur d'un mysticisme vaporeux permettant une évasion complète du corps et de l'esprit. On frôle parfois la musique de relaxation ("A Host For Ghost", "Storms Of Fire And Ice") quand Pater laisse sa guitare au placard. Or, quand il l'empoigne, on peut être sûr qu'il la fera gémir.

Mais il n'est jamais martial, son Black Atmo se rapproche davantage de ce que BLUT AUS NORD a réalisé avec son dernier skeud. Pas de guerre en vue, que des impressions, des suggestions abstraites de l'immensité étoilée, du couvert des arbres jusqu'au cœur de l'hiver le plus cruel. "Firmament" est une longue nuit durant laquelle l'ermite australien dépeint avec grand talent ce que ses perceptions lui dictent. La sensation d'être tellement minuscule face à cet univers infini, qu'un point dans le berceau divin, une infime et négligeable parcelle d'une fresque sombre aux pigmentations argentées.

Pater hurle son impuissance face à ce rideau de brouillard, proie nocturne s'élevant vers le firmament. Son chant est flou, on s'y attendait, « dépressif » si vous préférez, comme si c'était un pré-requis chez tous les combos Black Atmo. Probablement que cela rehausse le mystère profond recouvrant cette musique aux ambiances macabres… mais scintillantes. Telle une nuit étoilée veillant sur un château en Écosse, une mosquée à Amman ou un voilier dérivant dans les bras turquoise entourant les Îles Salomon. Cette nuit si fragile et inébranlable à la fois…

Certes, l'imagination se fertilise aisément sur cette odyssée de minuit, mais on restera sur notre faim pour deux raisons : certains titres s'allongent, donc se distillent dans la répétition ("From Beyond The 8th Sphere" en tête), et notre ami Dis Pater a une fâcheuse habitude de jouer dans les aigus. Quand on a 4-5 titres d'engouffrés, ça va, mais rendu au huitième, l'alcool commence à saouler royalement.

Je me réfugie donc au bord d'un feu crépitant et m'endormirai sous la frigide hospitalité de la nuit en écoutant "Firmament" encore une fois…