Groupe confortablement établi parmi la masse musicale sans niche claire, WUTHERING HEIGHTS est parmi ce qui se fait de mieux en frais de fusion de vieux styles. Heavy/Power/Prog/Folk, le combo danois d'Erik Ravn en est à son cinquième album et force est de constater que les critiques quasi dithyrambiques (surtout sur NIME !) sur son quatuor de départ ne se tairont pas encore avec ce "Salt", qui sent bon le large et les épopées fantastiques.

Avec un tel assemblage de styles, ça aurait été surprenant qu'il en soit autrement ! Quoique… Mais non, WUTHERING HEIGHTS, surtout avec son "Shadow Cabinet" en 2006 (dont il a gardé le line-up), a prouvé qu'il est possible de marier:

- La magie simpliste et authentique du Heavy (riffs accrocheurs, voix puissante et théâtrale de Nils Patrik Johansson);
- L'énergie contagieuse du Power/Speed avec des cavalcades épiques et des cordes aériennes, soutenues par des claviers mirifiques issus de légendes.
- La complexité et la subtilité touchante du Prog, en construisant encore une fois de longues et charnues pièces (la dernière fait 16:30) qui permettent de visiter bien des coins de pays…
- Le charme du Folk, amené par l'emploi d'instruments divers dont la mandoline, l'accordéon, entre autres. Et avec les thèmes exploités par les Danois, ici la mer est prépondérante, ça colle parfaitement. On jurerait apercevoir ce marin saoul en train de gratter son banjo, affalé contre la barre alors que le vaisseau dérive au gré des respirations océaniques…

On décrit "Salt" ainsi sur le site officiel : « La musique a échangé ses délicatesses celtiques pour la fureur des hymnes maritimes ! "Salt" résume différents aspects des paroles de l'album, qui tanguent entre les vents salés ("Weather The Storm"), les larmes salées ("Tears"), le sel de la Terre ("The Field", "The Last Tribe") et le goût salé du whisky (la curieuse "The Mad Sailor" et la festive "Water Of Life")! ».
Ajoutez à cela une immense lame de fond ("Lost At Sea") faisant passer par toute la gamme des émotions, ainsi qu'une petite touche de fin du monde, et vous êtes prêts pour un sacré voyage. L'attachement indécrottable du groupe pour les mondes irréels des grands écrivains fantastiques et cette attirance pour le large produisent leur effet.

En résulte un énième festival du morceau mélodiquement et fortement chargé. Riff après riff, solo après solo, avec ses épices traditionnelles ici et là, la grandeur de son chanteur et la polyvalence de son batteur, WUTHERING HEIGHTS est une surprise à chaque tournant. Il est si rare de croiser un groupe alliant des genres aussi éparpillés avec autant de talent, qu'on retient tout de suite le nom d'une telle alliance.

Les Danois concluent "Salt" avec deux clins d'œil à ses idoles URIAH HEEP et Mike "Tubular Bells" Oldfield. De quoi embellir un objet déjà fameux !

Pas aussi fameux que "The Shadow Cabinet", mais très fort, très fort. WUTHERING HEIGHTS a su capitaliser grâce à une unité non questionnable et une superbe collection de mélodies. De pirateries devrais-je dire ! Sans doute que l'absence de clichés a permis à la formation de ne pas couler son bateau…