WUTHERING HEIGHTS jouit d’une réputation façonnée avec un soin scrupuleux. Des albums espacés (de deux à quatre ans), démonstration d’un travail préparatoire minutieux, un style personnel et identifiable, ancré dans un Power raffiné parsemé de voltes Folks et - c’est là que se justifie le charme intact des Danois après cinq albums au compteur - une aptitude à greffer sur ses albums de nouveaux éléments garantissant une découverte immuable dans l’attention qu’on lui voue.

Dans les éléments, je n’englobe ni artifices de studio, ni chœurs ou orchestrations que certains observateurs ont tendance à prendre, dans une présence renforcée, pour une évolution. Non, il s’agit davantage de tournures adoptées par les titres, quand les breaks densifient leur structure ("The Last Tribe (Mother Earth)", quand un refrain fédérateur comme un happy metal décomplexé illumine une composition semblant jusqu’alors constituée de cendres et de rien d’autre ("The Mad Sailor"), quand un riff surgit simplement au détour d’une intro échevelée comme une pelote de laine confiée aux griffes d’un félin domestiqué ("Lost At Sea"), quand le timbre de Nils Patrik Johansson alterne les expressions avec justesse et pousse dans le concept de "Salt" assez de crédibilité pour qu’on l’envisage dans son ensemble.

WUTHERING HEIGHTS bénéficie d’un charme inouï car il sait chaque année qu’il se décide à marquer de sa présence, proposer un Heavy prog ou folk riche de passages passionnants.
"Salt" n’est pas un chef-d’œuvre, je crois que WUTHERING HEIGHTS échouera son existence entière à atteindre la perfection, mais un album de grande qualité, encore un, assemblé par une formation forte de deux atouts : une prédisposition largement au-dessus de la moyenne et une foi inébranlable en la musique qu’elle vénère et, partant, incarne.