La claque ! Voilà c’est un peu court mais c’est la première pensée qui me vient lorsqu’il s’agit pour moi d’entamer la chronique de ce magnifique album de heavy tour à tour speed / folk / atmosphérique et bien souvent les trois à la fois. Cette œuvre, à la croisée des chemins de Thin Lizzy, Blind Guardian, Magö De Oz et autres Tuatha De Tanann s’intitule « Far from the Madding Crowd », débute comme dans un rêve avec une cornemuse appuyée par une guitare, nous renvoyant directement à Gary Moore époque « Over the Hills », bref, c’est grandiose !
Soudain surgit la tempête et place à du grand heavy admirablement mis en place, original et chanté divinement par l’un des grands chanteurs de notre temps : Nils Patrik Johansson. Ce dernier est ici déconcertant d’élégance dans son registre synthétisant la rage contenu de Dio, le feeling d’un Jorn Lande et fait tout exploser quand le rythme s’accélère à la manière d’Hansi Kürsch (Blind Guardian).

Puis naturellement avec une goutte de sueur déboule la deuxième piste et c’est encore une fois l’uppercut. Les morceaux sont tous différents les uns des autres, tout en étant liés entre eux par une trame de fond commune mariant des ambiances différentes au sein d’un même titre.
Tout ceci apportant un sentiment d’unité rare admirablement mis en valeur par la production signée par l’orfèvre en matière de speed mélodique Tommy Hansen.
Cette vision de la musique n’est pas sans rappeler celle d’un autre géant évoluant dans un style différent mais luttant avec un esprit commun : DARK TRANQUILLITY ! Je dois vous avouer qu’avec du matériel Hi-Fi de qualité, c’est carrément excitant de monter le volume pour profiter à maximum de tout ce déluge de riffs jouissifs accompagnés d’une tripotée d’instruments à cordes et de volutes de flûtes. Du coup, les morceaux assez longs (au minimum 8 bonnes minutes) passent comme une lettre à la poste.

L’on navigue ainsi avec délice entre les ambiances folk de "Longing for the Woods" coincée entres deux passages de pur speed métal digne de GAMMA RAY, des riffs énormes combinant légendes épiques ("The Road Goes Ever On", l’hymne flûte & semi acoustique "Bollard") et sauvagerie ("Tree"). Le résultat final est impressionnant de maturité propose une musique reposant certes sur le concept éculé d’héroic-fantasy mais plus immersive et recherchée que des pionniers du genre tel Rhapsody ou Blind Guardian (que j’apprécie beaucoup par ailleurs) sans que cela n’occulte le dynamisme des compositions qui foncent tambour battant sans jamais tourner en rond : bel exploit !

Bref, il s’agit d’un grand disque prouvant que « speed métal » n’est pas encore un genre sclérosé et qu’il est encore capable d’apporter des émotions neuves (chose dont je doutais vu le nombre de copies éhontées des deux Keepers d’Helloween qu’à pu produire le genre ces dernières années).
Par contre, il est certain qu’un tel disque demande plus d’une écoute pour être totalement apprivoisé. Aucune inquiétude sur cet ultime point car la densité de l’album ne peut qu’inciter l’heureux acquéreur à laisser tourner la galette afin de se régaler à décoder ses plus fines subtilités et mélodies. Plus agressif et imprévisible que tous ces concurrents, d’un niveau technique impeccable, les danois de Wuthering Heights n’attendent que vous pour devenir un grand groupe !