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DRONE/STONER/SLUDGE  |  STUDIO

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1996 Absolutego
1998 Amplifier Worship
2000 Flood
2003 Boris At Last -Feedbacker--
2005 Pink
2006 Altar
2016 Gensho
2017 Dear

BORIS - Amplifier Worship (1998)
Par MOX le 18 Mars 2010          Consultée 3538 fois

Parlons un peu de grenouilles et crapauds, je suis sûr qu’on est entre amateurs d’Histoires Naturelles. On aura vite fait de corréler le batracien fluorescent de la pochette avec les espèces sécrétant de puissants psychotropes (la bufoténine). Pourtant, les crapauds bien connus des hippies sont tout ce qu’il y a de plus moches, le genre à se confondre avec le sol boueux de votre jardin mal entretenu. Non, plus vraisemblablement reconnaissons-nous ici une grenouille de la famille des dendrobates, ces minuscules petits animaux à la peau flashy (aposématique) et très toxique (contenant la batrachotoxine), l’amphibien repoussant par excellence car trop magnifique pour être affectueux. En effet, prenons le kokoï, plus petit que mon index, la quantité de poison qu’il transporte le long de sa peau suffirait à tuer entre dix et vingt personnes ! De bien sales bêtes, aux yeux vitreux et à la gueule… quasi-souriante. Voilà donc notre BORIS en rainette, à la poitrine avantageuse certes, mais dont le simple contact annihile tout transport du signal nerveux vers les muscles. Mort. Chouette programme.

Le groupe, désormais contrôlé, affiche toujours l’envie de triturer le son de ses guitares, et ce genre de manipulations ne se prête pas facilement à l’exercice du morceau et de la « durée ». C’est pourquoi le groupe dépasse, empiète sur le titre suivant et, j’oserais dire, bave sans vergogne. Ceci est une métaphore un peu facile sur les cordes et leur grain, sorte de sable chaud tout dégoulinant mais pas encore vitrifié.

On notera quelque chose d’assez curieux si tant est qu’on assimile le Stoner à la prise de psychotropes divers (et d’été) : quoique BORIS se plaise par moments à en jouer, il n’évoque pas nécessairement la réalité déformée et les attaques de chauve-souris en plein désert. On se trouve plutôt dans la pente descendante du trip, ces moments inoubliables passés par terre à serrer très fort de ses ongles la moquette rococo, ou alors la tête entre les jambes à baver, ou bien encore essuyant un râle de fatigue après vomissement (l’anorexie, c’est pas bien). A propos de râle, j’en veux pour preuve le hurlement de Takeshi, un vrai cri au bout du rouleau, long et retentissant, le fou à l’agonie.

Les réveils difficiles et la fatigue ne sont pas l’unique illustration de la composante Stoner, et BORIS ne s’y appesantit d’ailleurs pas longtemps. Il reprend la piste du stoner délirant, pas vraiment celui du soleil et des arbres-arc-en-ciel, plutôt celui de la danse animique et du déhanché pré/post/néo/hydro-hippie orchestré par une wavedrum, cette percussion un peu spéciale ici utilisée pour reproduire un son de tambour africain. Cette idée -se la jouer rythmé sur fond d’infra-basses et de charpente massive- se révèle pas loin d’être géniale. Faut dire, l’aspect tribal de "Ganbou-Ki" soutenu par une basse si chaude est un moment pas très loin de l’extase.

Mais, déjà, BORIS fait tourner les serviettes (hop, qui c’est qui va galérer pour se l’enlever de la tête, maintenant ?), poussant d’un gros coup de rangers ces chamanes enfumées, lesquelles observent alors un trio d’adolescents aux pantalons troués/cheveux crados/boutons/appareil dentaire (je m’arrête là, j’aurais bien aimé rajouter « avec des trucs au marqueur noir sur les mains » mais j’ai plus la place) en train de saccager le tas de sable rituel et de hurler en japonais. Bon sang, envoyer valdinguer ces parasites de drogués par de jeunes vénères nippons, ça a quelque chose de théâtral. Oui, c’est ça, non seulement BORIS apparaît ici comme le touche-à-tout qu’on connaît, mais apporte à sa musique une image, une forme qu’on cherchait désespérément dans "Absolutego".

Seulement les enfants, ce n’est pas fini. Les grungo-ado mal rasés ont fini par s’exténuer et s’étouffer dans leur propre sable, et ces petits cahots laissent place à la fatigue et aux notes longues et persistantes. D’abord sous forme d’acoustiques, la clarté de la musique évoquant une lumière faible, puis sous forme de grattage lourd des cordes, les musiciens totalement affalés sur leurs instruments, accompagné d’une saturation inouïe et d’un amoncellement de couche sonore construisant un Drone lourd, riche et sans connotation de violence. Un album qui aura, en fait, démarré de la même manière, et cette donnée supplémentaire appuie le fait que le groupe est très attaché à son idée de Drone « surpuissant » (comme le caca), seul vestige musical lorsque toute musique et tout acharnement auront cessé.

Et l’idée de base, c’est bien la glorification de l’ampli et une vue d’ensemble (fabuleuse et, de fait, trop courte) de ce que l’on peut faire avec du matériel un peu particulier, du sous-accordage et de l’expérimentation de boutons/leviers/niveaux. "Amplifier Worship", en plus d’être une mine de son, de genres, d’ambiances délirantes, maîtrise l’intégralité de son jeu, du plus entraînant au plus poignant (ces riffs de "Vomitself"…), et donne l’impression de réaliser tout ceci en live. Et sans prétention.

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- Takeshi (chant, basse)
- Atsuo (chant, batterie wavedrum)
- Wata (guitare, e-bow)


1. Huge
2. Ganbou-ki
3. Hama
4. Kuruimizu
5. Vomitself



             



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