En France, c’est le 11 juillet 2009 que tombe l’information : les trois musiciens de renom que sont Josh Homme (KYUSS, THE QUEENS OF THE STONE AGE), John Paul Jones (LED ZEPPELIN) et Dave Grohl (NIRVANA, PROBOT, FOO FIGHTERS) seraient dans un studio de Los Angeles. Ce projet n’avait ému personne en 2005 quand Dave Grohl l’annonça à la presse américaine. Il aura donc fallu attendre juillet 2009 pour que Brody Dale, la femme de Homme, confirme l’information tout en précisant qu’elle n’avait pas la liberté de parler plus en détail du projet.

Alléchant aux premiers abords, les premières fuites studio et les "happenings" ne le furent pas autant. Les bribes de musique et les petits clips animés sensés préparer la sortie du disque furent trop frustrants puisque trop courts ou totalement moches. Que penser également de leur apparition au festival Rock en Seine sous le nom des "PETITS POIS", programmé en fin d’après-midi, le parterre de curieux présents avaient pour certains eux vent de l’info du "All Star Band" sans non plus savoir qui est qui et qui fait quoi. Démarche amusante mais énervante pour le fan non affranchi.

Il est vrai que la dernière prestation discographique de Josh Homme avec son "Era Vulgaris" (2007) avait déçu. Il y manquait un supplément d’âme, une folie sous-jacente que son groupe les QUEENS OF THE STONE AGE avait perdu après l’éviction du bassiste historique Nick Oliveri. En plus de s’éloigner radicalement du mouvement Stoner, mais ceci n’est pas réellement un défaut en soi. Ainsi, avec un Dave Grohl qui avait déjà bastonné du fût chez les "Reines" sur "Songs For The Deaf" (2002), nous étions en droit d’anticiper un retour en grâce. L’ajout de John Paul Jones à la section rythmique, loin de relever du détail, confirmait qu’il n’y aurait pas de juste milieu. Soit ce disque serait une tuerie, soit il serait un four retentissant. Ah oui, la fine équipe décide de se trouver un nom qui les démarquerait de leurs formations d’origine, ils ont choisi : THEM CROOKED VULTURES. Le martelage médiatique qui a suivi l’annonce de leur association aura vite fait de propager l’information et de s’imposer au Monde entier.

L’entrée en matière se fait avec "No One Loves Me & Neither Do I", lancinant, riff hypnotique et refrain rock’n roll. La rythmique se plombe en milieu de morceau avant de s’emballer sur le final. Dans la même veine, "Mind Eraser, No Chaser" surprend par son solo de guitare lunaire et son final en cuivre. Petits détails chatouillant l’oreille de l’auditeur. Puis c’est au tour de "New Fang", premier single choisi par le groupe. Nous sommes de plein pied chez les "Queens", tout comme sur les titres "Dead End Friends" et "Elephants". Jusqu’à présent, John Paul Jones, plutôt en retrait, fleurit "Scumbag Blues" avec l’utilisation de son synthé funky hérité d’Herbie Hancock et ses HEADHUNTERS. Cette observation se reproduit sur le morceau suivant, "Bandoliers", avec des nappes de synthé arabisantes. Rien à voir cependant avec le "No Quarter" de Page et Plant. "Reptiles", quant à lui, conviendrait parfaitement à la bande son d’un western sous acides. "Interlude With Ludes", comptine à la « lullabies » calme le jeu quelques instants pour distiller un peu d’étrange dans une veine trip-hop.

"Warsaw Or The First Breath You Take After You Give Up" est une petite merveille d’arrangements de 7’50. Chœurs, delay, wah-wah, l’intro du morceau ne prépare en rien à son évolution psychédélique foutraque. Mention spéciale aux parties de batterie discrètes, désarticulées mais d’une précision chirurgicale. N’est pas Grohl qui veut !!! Quant au mystique "Caligulove", il permet à JPJ de retrouver ses claviers pour donner une touche THE DOORS à cette compo alambiquée. Le sautillant "Gunman" lorgne sur le funk avant que "Spinning In Daffodils" ne clos l’album. Intro au piano, l’ambiance s’assombrit, le riff entêtant quoique guilleret n’en distille pas moins de lourdeur. Le son devient électrique, le chant plaintif, parfois incantatoire et soudain, la guitare discute et le groupe se transforme quelques secondes pour finir le disque en fanfare de baloche.

Globalement, "Them Crooked Vultures" devrait être le titre de cet album des QUEENS OF THE STONE AGE. Puisque tous les éléments qui font du groupe ce qu’il est sont bien présents. Lourdeur, psychédélisme, refrain 60’s et toujours, malgré les apparences, ce côté malsain et poisseux qui suinte derrière les mélodies et le miel que l’on croit tartiner. Pour enfoncer le clou, il s’agit même du meilleur album des QUEENS OF THE STONE AGE. Une preuve supplémentaire ?! L’excellente production de la galette est tenue par nos trois compères et cerise sur le gâteau, la seconde guitare en live est tenue par Alain Johannes. Transfuge des QUEENS OF THE STONE. CQFD !!!