Un soir après un concert quelconque, la faim est une motivation suffisante pour rester ensemble et le hasard fait parfois bien les choses, comme tu pourras le constater, ami lecteur...

23h15 : Shub-Niggurath propose d'aller chez lui grailler. S'ensuit trajet en métro en vantant les différents mérites et prestations des groupes vus. Tentative de débat lancé par moi-même sur les guitares de formes V « que ça le fait grave » contrée et déviée par T-Ray sur la tendance abusive du guitariste soliste du groupe en première partie (qui a une guitare de cette forme) à abuser du sweeping.

23H48 : Arrivée chez Shub. Apéro proposé, choix pour accompagner les noix de cajou : whisky ou saké ou gnôle bosniaque (cadeau d'un voyage de Possopo à Mostar). Mon goût pour l'exotisme me pousse vers cette dernière qui s'avère n'être que de l'alcool de grain pur, même pas parfumé.

23H53 : Shub propose un hommage culinaire à Alex Metayer, je valide le repas des pâtes en boîte, T-Ray intervient trop tard en m'expliquant qu'il ne s'agit pas de pâtes de la marque Buitoni mais de pâtes à la boudoni. J'aurais certainement réagi si je ne commençais pas à être déconnecté grâce au bienfait de la gnôle.

00H02 : T-ray sort un CD de la discothèque de Shub : "River Runs Red" de LIFE OF AGONY. Il vante ce groupe de brooklyn, groupe de Hardcore mais pas trop. Croisement improbable entre BIOHAZARD et PRONG. Shub acquiesce et martèle que le groove de NYC est incomparable et que l'on sent bien sur ce premier disque. Je sens l'impérieuse nécessité de me retenir de placer le vieux proverbe où il s'agit de prendre le chemin boueux quand la rivière est rouge... Aussi, je me contente de caresser le vieux basset de l'appart qui passait par là...

00H06: Consensus sur PRONG, un groupe qui n'a pas la reconnaissance qu'il mérite.

00H12: Le CD démarre. Riff d'ouverture et introduction très mosh part, renvoyant vers ANTHRAX. Je garde par devers moi la question du groove new-yorkais chez ces derniers.

00H14 : Je fais remarquer que le style de chant n'est pas vraiment très typé Hardcore, ni rappé ni hurlé... et qu'au final il sonne plutôt comme DANZIG. T-Ray me signifie que ce n'est que le début et que je vais pas être déçu par le talent de Keith Caputo...

00H16 : Une odeur venant de la cuisine nous signale que l'eau de la cuisson des pâtes s'est évaporée...

00H22 : Le bruit du répondeur enregistré sur le CD permet à Shub de m'expliquer qu'il s'agit d'un concept album parlant d'un mec qui va pas bien (problème N°1 : relation avec papa) et qu'il vit une semaine de merde. On est lundi et le message sur le répondeur, c'est celui de sa copine qui le plaque. J'acquiesce en gratifiant ma part de pâtes à la shuboudoni du reste de noix de cajou.

00H30 : T-Ray souligne que quelques influences hardcore commencent à se faire ressentir au niveau chant. Ce qui vient compléter une prestation du batteur déjà très « typé », tout en précisant que Sal Abruscato vient de TYPE O NEGATIVE.

00H38 : En me resservant du digestif qui m'avait servi d'apéro, que j'apprécie de plus en plus, je fais partager mon enthousiasme pour les subtilités du chant du sieur Keith. On le sent vraiment touché par ce qu'il chante et arrive bien à le faire partager. « Une vie d'agonie » ce groupe ne m'a jamais semblé aussi bien porter son nom... T-Ray, en flattant la tête du chien, me donne le titre de la piste : "Bad Seed".

00H47 : Shub souligne que ça sonne comme CROMAGS, ce qui est acquiescé par T-Ray, qui ajoute Henry Rollins. Je me dis qu'il doit s'agir d'un homonyme sans rapport avec le stand up comedian tatoué et body buildé ayant joué dans "Johnny Mnemonic".

00H49 : Shub fait remarquer que "Method Of Groove" est le nom du studio de Joey Z, le guitariste. Récemment arrivé chez les revenants de CARNIVORE, l'ex-groupe de Peter Steele, pour celui qui ne suit pas, précise-t-il en clignant de l'oeil à T-Ray. En finissant mon nouveau verre, je me dis qu'il faudra vraiment que je me renseigne sur cette scène de New-York... Mais plutôt après demain.

0H59 : La chanson "River Runs Red" sonne avec une qualité radio/téléphone, une femme hurle, des clapotis se font entendre. A moitié assoupi, je fais remarquer qu'il s'agit vraiment d'une semaine de merde pour ce pauvre mec car en plus de ses emmerdes, il a visiblement une fuite d'eau. T-Ray et Shub échangent un regard compassé, avant que T-Ray ne me dise que la rivière coule rouge... Ce qui explique le titre de l'album. Le CD s'arrête.

01H02 : T-Ray affirme être bien déçu par la suite de la carrière de LOA, avec ce virement un peu alternatif metal. Shub confirme en nuançant que tout n'est pas à jeter dans ce qui suivra même si ce niveau de qualité ne sera plus au rendez-vous.

03H31 : Je rouvre les yeux Shub est penché au dessus de moi et m'informe que son chien aimerait bien récupérer son panier et que lui aimerait bien aller se coucher.


En résumé : Du Hardcore différent, un sujet abordé maintes fois déjà rien que chez SUICIDAL TENDENCIES, mais de manière plus approfondi et subtile, une musique efficace sublimée par le chant de Keith Capuro qui arriverait à faire s'émouvoir une pierre... Il existe une version rééditée avec 4 bonus. Après écoute, il semble s'agir plus de malus que bonus à proprement parler.


Le morceau qui est un condensé de vie d'agonie : "Bad seed"
Le morceau carrément biohazardesque : "Method Of Groove"
Le morceau moooooosh de l'album : "This time"