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LIFE OF AGONY - Soul Searching Sun (1997)
Par T-RAY le 25 Novembre 2019          Consultée 1403 fois

"01H02 : T-Ray affirme être bien déçu par la suite de la carrière de LOA, avec ce virement un peu Alternative Metal." Il était bien tard, déjà, lorsque mon estimé camarade chroniqueur Aaargh crut m'entendre prononcer mon rejet de la carrière post "River Runs Red" de LIFE OF AGONY. Il faut dire que ce lointain soir d'août 2008, où Shub-Niggurath et moi prirent sur nous de faire découvrir à notre compère ce qui reste l'un des albums majeurs du Metal des nineties, était aussi très arrosé et la fraîcheur d'esprit de Aaargh à ce moment-là lui a sûrement valu de confondre nos jugements respectifs, à Shub et moi. Car ce bon Shub-Niggurath reconnaissait, selon les souvenirs embrumés d'Aaargh, "que tout n'est pas à jeter dans ce qui suivra même si ce niveau de qualité ne sera plus au rendez-vous" chez le groupe new-yorkais, ce qui ressemble partiellement à ce que je pense moi-même, aujourd'hui encore.

Avec onze ans de recul en plus sur la carrière de LIFE OF AGONY ainsi que deux albums studio supplémentaires pour juger de l'évolution de l'œuvre de la formation américaine, mon appréciation se rapproche davantage de l'opinion prêtée à Shub-Niggurath que des propos que m'attribue Aaargh dans sa chronique de "River Runs Red", très bonne au demeurant. Car le niveau musical de LIFE OF AGONY n'a pas décroché immédiatement après ce premier album(-concept), en témoigne le très bon "Ugly" qui, pourtant, avait déjà largement amorcé le virage Metal Alternatif du quartette. Et il n'est jamais resté aussi bas qu'au crépuscule des années 90, remontant en flèche depuis leur dernière reformation, comme le superbe "A Place Where There's No More Pain", sorti en 2017, le prouve aisément. Reste qu'en 1997, LOA est bel et bien au fond du trou, émotif et créatif.

L'album qui sort cette année-là, "Soul Searching Sun", est sans aucun doute le point le plus bas de la discographie de LIFE OF AGONY. Et il est une sorte de modèle de ce qu'il ne faut pas faire en matière de Metal Alternatif : abondance de riffs fainéants et interchangeables, tentatives ratées de varier les styles joués, textes plaintifs mal habités... D'accord, plusieurs membres du groupe sont alors à un carrefour de leur carrière, comme Sal Abruscato, le plus chevronné des quatre musiciens, qui a levé le camp dès 1996, et comme Keith Caputo lui-même, qui va également prendre ses distances avec ses compagnons juste après la sortie de ce troisième opus et se faire remplacer pour une poignée de concerts par l'oubliable Whitfield Crane, d'UGLY KID JOE. Oui, l'incomparable vocaliste qu'il était jusque-là se transforme ici en un chanteur d'Alt Rock tout ce qu'il y a de plus banal et ses troubles personnels ainsi que ses doutes vis-à-vis de la direction musicale prise par Alan Robert et Joey Z. contribuent indubitablement à plomber "Soul Searching Sun".

Comment imaginer que l'homme qui pose sa voix sans la moindre passion sur des ratages en règle comme "Lead You Astray", au lointain (et éventé) parfum de Stoner, et "None", qui commence comme du DINOSAUR JR. avant de se révéler aussi passionnant que le trois-millionième fossile d'ammonite découvert, est le même qui nous a offert des instants vocaux d'anthologie sur "This Time", "Through And Through", "Let's Pretend" ou "Lost At 22" ? Soyons francs : plus aucune passion ni émotion ne passe dans l'interprétation de Keith Caputo sur "Soul Searching Sun". Enfin, si, une émotion transparaît : la lassitude. Keith est fatigué, lessivé, ne chante qu'à demi-voix, ne descend plus aussi bas dans les graves - ces graves si particuliers qu'il savait magnifier - et ne monte dans les aigus que parce que les paroles des morceaux l'exigent, mais sans énergie aucune.

Il y a bien certains morceaux qui relèvent le niveau d'ensemble de l'album, même avec un Caputo qui ne se donne qu'à 10% derrière le micro, comme l'efficace "Weeds", sans doute le seul titre de l'opus à pouvoir être qualifié de bon, voire un peu plus. Il est en tout cas l'unique hit de "Soul Searching Sun" et, une fois le disque terminé, c'est bien l'un des rares morceaux que l'on se prend à réécouter avec plaisir. Le lancinant "Hope" n'est pas irrécupérable non plus, avec son côté léthargique qui interpelle. L'ambivalence de "Heroin Dreams", paradoxalement ensoleillé, est également notable. Enfin, la semi-ballade "Angry Tree" se laisse écouter et aurait fait un titre final pertinent… Mais ça s'arrête là. On aimerait que LIFE OF AGONY ait encore des choses à dire, des sentiments à transmettre, des revendications à exprimer, un mal-être à exsuder... Or, quand l'album est plombé par un Joey Z. qui riffouille des lignes de gratte inintéressantes la plupart du temps, ces rares moments d'intérêt se retrouvent noyés dans une bonne grosse masse de médiocrité.

Une médiocrité à laquelle la section rythmique, molle comme pas possible, n'échappe pas, avec un Alan Robert, principal compositeur du groupe, qui n'imprime aucun allant et un Dan Richardson (CRUMBSUCKERS, PRO-PAIN) qui semble se satisfaire de son simple statut d'intérimaire derrière les fûts. Le Metal Alternatif dont ils accouchent est consternant d'innocuité : aucune rage, aucune puissance, zéro motivation et pas plus d'originalité derrière tout cela. Entre un "Gently Sentimental" qui sent le mauvais NIRVANA (LIFE OF AGONY se fait souvent trop Grunge de manière générale sur l'album), un "Tangerine" paresseux au possible malgré un certain réveil vocal de Keith Caputo sur la fin, "My Mind Is Dangerous" qui donne l'impression de reprendre les accords de l'insupportable "Baby I Love Your Way" de BIG MOUNTAIN (lui-même repris de Peter Frampton), et un "None" au titre révélateur d'une évidente vacuité en termes d'inspiration, le troisième L.P. du combo new-yorkais file un très mauvais coton.

Forcément, après un troisième effort pareil, la débandade ne pouvait en être que plus probable, et LIFE OF AGONY ne devait pas survivre plus de deux ans à ce sabordage spectaculaire. Passer d'un classique de Hardcore original suivi d'une petite merveille de Metal Alternatif hanté à un opus aussi vain que "Soul Searching Sun" en moins de cinq ans aurait pu qualifier le groupe aux championnats du monde de chute libre. Catégorie sans parachute, bien sûr. En 1997, le combo n'a déjà plus grand-chose pour briller et c'est bien dommage car, comme le prouveront les deux reformations qui suivront, l'alchimie entre ses membres n'avait pas définitivement disparu. Mais les choix musicaux effectués par Alan Robert et Joey Z. auront eu temporairement raison de cette belle et fragile machine qu'était le LIFE OF AGONY des 90s.

En cela, "Soul Searching Sun" porte parfaitement son nom : le groupe était jusqu'ici un soleil qui désormais cherche son âme. Au bout de cinquante-trois minutes, le bilan des recherches est évident : il ne l'a pas trouvée… Et ne la retrouvera pas avant un bon paquet d'années.

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   T-RAY

 
  N/A



- Keith Caputo (chant)
- Alan Robert (basse)
- Joey Z. (guitare)
- Dan Richardson (batterie)


1. Hope
2. Weeds
3. Gently Sentimental
4. Tangerine
5. My Mind Is Dangerous
6. Neg
7. Lead You Astray
8. Heroin Dreams
9. None
10. Angry Tree
11. Hemophiliac In Me
12. Desire
13. Whispers



             



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