Si j’ai écouté cet album, c’est uniquement parce que la pochette m’a intrigué. Que peut bien cacher un album - rangé au rayon Metal de la FNAC - dont la pochette représente un petit bonhomme en équilibre sur des chaises ? Ca m’a rappelé les numéros nuls qu’on voit dans les cirques avec des petits gymnastes chinois qui jonglent dans des situations pas possibles (1). Sur cet album, les mecs de la FNAC avaient collé un sticker qui promettait « des sensations uniques ». A ce moment précis, j’étais prêt à parier une couille qu’on aurait affaire à un album de Prog à la noix de Saindoux. Bingo !

C’est en tout cas apparemment comme ça que mes cons-frères du Net ont estampillé la musique de DEMIANS. C’est « Prog quelque chose ». Mes premières écoutes m’ont fait penser à une sorte de PORCUPINE du pauvre, je n’ai d’ailleurs pas été étonné de voir que Steve WILSON – lui-même - avait coopté cet album. Tant mieux, tant pis, on s’en fout .

DEMIANS veut faire dans la délicatesse, idéalement dans le velouté crémeux Rock sophistiqué. Quelque chose comme ça. On a donc de beaux arpèges, de l’acoustique, plein de clavier, d’arrangements en tous genres et des lignes de chants mi-plaintives mi-doucereuses. Autant vous dire que « Building an Empire » est parfait pour remplir votre déclaration d’impôt. Pas d’agressions, ni de passages fracassants. DEMIANS est lisse comme la porcelaine, d’une douceur certaine et définitivement très peu Metal. Quelques coups de doubles par ci par là, des riffs un peu Heavy (mais si timides qu’ils retournent se cacher tout de suite) et un chanteur sponsorisé par XANAX et EUPHYTOSE. J’avoue m’être posé la question de la légitimité d’une telle chronique sur NIME, l’album étant au final plus Rock que Metal, plus ambiant que Prog.

Faut dire que le parti pris opéré par Nicolas CHAPEL était à double tranchant. En utilisant tout du long quasiment la même trame mélodique, on gagne en homogénéité ce que l’on perd en dynamisme. Disons sobrement qu’on s’emmerde un peu. Le plus gênant étant cette impression tenace d’écouter un bloc douçâtre de « Soft Metal », voir de se fader le même titre en continu pendant plus de 45 minutes.

Reste que la recherche mélodieuse de DEMIANS est réelle, on le sent bien. Le problème est que le résultat n’est pas renversant. C’est vaguement « beau », agréable mais pas marquant. L’album effleure doucereusement vos oreilles, sans que vous puissiez vraiment retenir un titre. Et c’est très précisément ce regain de mélodicité / d’accroche qui manque à mon sens à DEMIANS. Du coup, le résultat n’est juste que sympa… Zzz… Zzzz… Hein ? De quoi on parlait au fait ?

A l’instar de TATGREN et PAIN, tout a été fait par Monsieur CHAPEL lui-même. Il a tout composé, interprété, produit. Paraît qu’il a aussi mixé et s’est servi lui-même ses propres cafés. Ce coté « one man band » et le fait qu’il ne s’agit que d’un premier album pourraient laisser entrevoir un soupçon d’espoir pour l’avenir. Le coté « solo-project » explique de ce fait l’uniformité de la musique de DEMIANS et la douce monotonie qu’engendre l’écoute de cet album. Je suppose que si Nicolas CHAPEL décidait à l’avenir de se faire aider pour composer et aérer un peu son travail propret ; on aurait p'tet une chance d’écouter un truc moins soporifique.


En attendant, je vous interdis formellement d’écouter cet album en conduisant…


Note : 2/5


(1): Oui gamin, je matais les numéros de cirque le dimanche après midi sur FR3.