Par une nuit obscure, dans la campagne anglaise... Un manoir « so british », peu éclairé...
A la grille de ce dernier, cinq gaillards grelottant et portant veste de jean à patchs se présentent à l'entrée du EARACHE RECORDS manor...
Prenant leur courage à deux mains et serrant leur instrument respectif contre eux, la fine équipe franchit l'obstacle et pénètre au sein de la bâtisse en poussant la porte, restée bizarrement légèrement entrouverte... Un immense couloir à parcourir, qui semble interminable. Sur les murs de celui-ci, une série de portraits de groupes... Des gloires actuelles ou passées de la maison... Les doigts se crispent sur les manches de guitares et autres baguettes de batteur... Une légère angoisse pointe le bout de son nez et le groupe se réfugie dans un mutisme salvateur... quand surgit de nul part une voix d'outre tombe

« Approchez par ici... »

Débouchant dans une immense salle où le silence se fait au moment même où ils pénètrent parmi la foule, GAMA BOMB se fraie un chemin jusqu'à l'autel situé devant une immense cheminée. Un feu crépite avec violence et la personne perchée sur le trône attenant s'éclaircit la voix et les invite à se placer face à elle...

« Bonjour. Je suis le seigneur de ces lieux. J'ai droit de vie et de mort sur votre cas, jeunes gens.
Laissez moi reprendre mes notes: vous êtes originaires d'Irlande, vous venez de sortir voilà deux années un premier opus (« Survival of the fastest ») dans la veine Thrash old school... Et vous cherchez à prendre une autre dimension ? En étant signé par un label ?
Je dois bien avouer que vous tombez plutôt bien. En ce moment, on signe tout ce qui bouge un tant soi peu comme EUX... »
Le maître des lieux pointent son index au dessus de sa tête, sans aucun autre mouvement du corps... L'assistance, en chœur, pousse un râle de satisfaction... Nos gugusses opèrent un balayage visuel de la salle, éberlués... Que se passe-t-il ?

« Vous nous proposez donc ce « Citizen brain »... Très bien. On remarque de suite que vous avez su renforcer une nouvelle fois la qualité de la production. Joli travail.
15 titres pour 38 minutes environ de total old school. Rien à redire la dessus: c'est propre, carré et enlevé.
Vous avez conservé votre côté « délire » et « hommage aux jeux vidéos » avec des titres comme « Space invaders » ou « Final fight » (*) (deux jeux mythiques) avec en plus, sur ce dernier, rien de moins que les samples des sons de SUPER MARIO BROS ! Original mais inutile, franchement.
Dans le même genre, les ambiances « Return of the technodrome » et ses sons d'androïdes sont vraiment le genre de détails auxquels on attache que peu d'importance. Et le simple fait que je les relève met malheureusement en valeur votre manque cinglant d'originalité... Pas comme EUX... »

L'index se relève de nouveau, indiquant le mur au dessus du trône... Les membres du groupe distinguent, à l'aide des lueurs de la cheminée, un cadre contenant une photographie... Râle de plaisir de l'assistance...

« Ce que je veux vous dire les mecs, c'est qu'il ne suffit pas d'envoyer la sauce à 250 bpm pour être sur de ramasser la mise. Vous êtes de bon zicos, je suis forcé de le reconnaître: les deux gratteux assurent le boulot avec application et riffent comme des psychopathes. Paul, oui, toi Paul Caffrey, tu martèle tes fûts avec une bonne volonté certaine bien aidé par ton pote Joe à la 4 cordes (« Time Crime »). Votre section rythmique est dans le ton. Philly, tu as fait des progrès au niveau de ton chant: tes frangins t'ont bien épaulé et la prod' n'y est sans doute pas indifférent... Tu te rapproche toujours plus des cador du genre (« Hell trucker »). Bravo.
Mais votre gros problème mes cocos, c'est que vous nous livrez un parpaing durant lequel la totalité des tracks sont toujours quasi les mêmes. Ne dépassant quasi jamais les 3 minutes, difficile de trouver la moindre once d'originalité... Et c'est bien ici le drame.
« Zombi brew » au final l'un des titres le plus original, réussi et efficace, avec des parties lead vraiment sympathique ! Il faut attendre les 2 minutes 30 de la fin du skeud pour retrouver quelques chose d'aussi sympathique que le « Zombie Blood Nightmare »... Votre titre d'ouverture les mecs !

Index vers le haut de la pièce, pointant une dernière fois en direction de cette immense représentation sous verre...

« Bon, comme en ce moment, je signe tout ce qui bouge en thrash old school, je vous prends...Mais souvenez-vous de ceci: le problème, c'est que vous ne faites pas le poids par rapport à EUX... » ...

Râle de jouissance des fans groupés en masse... GAMA BOMB lève les yeux une dernière fois en direction de l'iconographie des dieux des lieux... et découvre enfin le nom tant vénéré: MUNICIPAL WASTE ...

Verdict: 2,5/5.

Épilogue: c'est le regard bas et les yeux plein de souvenirs que le groupe quitte les lieux, conscient des progrès à accomplir pour espérer tenter de rivaliser avec LA référence du genre...

(*) 'tain, les heures et les francs passés dans les bornes d'arcade à l'époque avant l'arrivée sur les plateformes de salon !

N.B: Earache records avant de signer le tout premier MUNICIPAL WASTE n'avait aucun groupe de thrash dans son escarcelle... Depuis, toute la vague old school est leur...